Oh, le bonheur de retrouver Terrence
Malick qui s'empare d'une véritable histoire, de personnages
confrontés à des questions de vie ou de mort, et d'en
faire un film, un vrai... Quelques jours après sa vision,
les images sublimes ne s'estompent pas. Elles marquent, durablement,
autant par leur incroyable grâce que par leur signification.
La musique, mais pas seulement... : tout le travail sur le son qui
entremêle des morceaux connus, d'autres créés
pour le film et des bruits naturels, est hypnotisant, créant
avec les images une œuvre artistique réellement extraordinaire
(certains diront presque trop) et pourtant n'étouffant pas
son sujet, exposant les situations avec une infinie délicatesse.
Même si l'on a très souvent l'impression de voir vivre
les personnages entre les moments forts, à la toute fin ou
à la suite des conversations importantes qui du coup ne sont
pas montrées, la compréhension des enjeux est profonde,
ainsi que le questionnement sur l'engagement, les convictions, les
conséquences dramatiques de prises de positions et décisions
radicales.
L'aspect très christique du personnage principal peut rebuter
ou empêcher l'empathie mais il a au moins l'avantage de lui
donner des raisons d'être ce qu'il est, une consistance, une
épaisseur, à l'opposé des ectoplasmes vus dans
les films précédents de Malick.
La langue utilisée (l'anglais le plus souvent, sous titré,
et l'allemand plus rarement et non traduit), qui semble être
un choix du réalisateur, peut gêner aussi, éloignant
encore plus le film d'une narration naturelle mais le faisant tendre
vers une sorte de récit légendaire, sans frontières,
s'exemptant de son contexte historique.
C'est une œuvre lourde, majestueuse, terriblement puissante.