Isabelle Carré est agaçante.
Ou bien c'est son personnage. Mais c'est elle, aussi. Les deux,
alors ? D'avantage son personnage, tout de même. C'est que
l'actrice fait bien son boulot, donc. En face, Eric Ramzy tente
de la calmer, de l'adoucir, d'arrondir les angles, de faire l'interface
entre elle et le reste du monde. Il fait ça très bien,
lui aussi. Enfin, son personnage. C'est à dire que l'acteur
lui apporte de l'humanité, à son personnage. Pas tout
à fait quelqu'un de simple. Une part de mystère subsiste
chez lui tout le long du film, d'où il vient et quelle est
sa vie. Est-il marié ? Est-il en couple ? Tombe-t-il amoureux
? Et dans l'attachement pour l'enfant, est-il un père ? un
grand frère ? juste un éducateur ? le récit
laisse planer le doute, les doutes, les interrogations… et
c'est intéressant, ces silhouettes pas tout à fait
remplies. C'est comme pour la mère, Isabelle Carré,
on la cueille à son arrivée en Amérique du
sud, et tout ce qui concerne sa vie en France, c'est à la
faveur de bribes d'informations que les choses se construisent pour
le spectateur. La réalité n'est que partielle et elle
ne sera pas la même pour chacun. Au contraire de l'enfant
et de ceux qui l'entourent, la grand-mère, la tante…
La vie ailleurs du titre, c'est bien sûr celle de cet enfant,
mais c'est aussi, en partie, celle de sa mère et de celui
qui l'accompagne. Rien n'est simple dans cette histoire de vol d'enfant,
de retrouvailles manquées, ou pas. Cette complexité
peut dérouter, elle rend le film moins aimable que si tout
s'était passé comme prévu, plus fragile, moins
rond, plus sec, mais cette imprévisibilité fait aussi
sa force, une force pas toujours maîtrisée, parfois
l'aspect agaçant du personnage joué par Isabelle Carré
déteint sur l'ensemble et l'on voudrait un peu plus de douceur.
Ça n'est pas le feel good movie de base. C'est amer et ça
gratouille, pas vraiment dans le sens du poil.
Une (grosse) faiblesse dans le film : le doublage
calamiteux de l'actrice qui joue la tante…