Non mais c'est quoi ce titre
? "vice versa"… et pourquoi pas "pile ou face"
? "nuits et brouillard" ? "Chapi Chapo" ? Le
titre original, "Inside out" ne se traduit pas littéralement
: dedans dehors… (quoique) mais quelque chose comme "à
l'envers".
Tant de films américains ne prennent pas un titre français
lors de leur distribution de ce côté-ci de l'Atlantique,
celui-ci aurait pu, aurait dû conserver cet "Inside out"
qui en dit bien plus que ce stupide "Vice versa". C'est
un détail, mais c'est les vacances, et on peut s'attarder
sur ce qui n'est pas essentiel… non ? Et puis pour un film
qui montre l'esprit (pas le cerveau, non; l'esprit, vraiment…)
de l'intérieur, qui lui donne une matérialité,
on aurait pu faire un effort…
C'est donc un nouveau Pixar, avec du Disney dedans, ou bien un nouveau
Disney, avec du Pixar à l'intérieur. Un peu "Inside"
et un peu "Out"…
Côté Pixar, la qualité de l'animation, la profusion
d'idées, le rythme échevelé, ces personnages
poétiques un peu fous (Bing Bong, l'ami imaginaire). Côté
Disney, la mièvrerie (si, si) du discours global sur les
valeurs, famille, amitié, honnêteté, bêtises
(bien sûr, il en faut des bêtises, même dans un
monde parfait)…
Franchement, comme dirait l'autre, le film fait passer un bon moment,
c'est frais, coloré (peut-être un peu criard, à
la limite de l'indigestion dans le monde de l'esprit), vif, sans
faiblesses dans le récit (malgré quelques petites
baisses de rythme et impressions de tourner en rond, mais c'est
peanuts), intelligent, comme une introduction à la psychologie
(ou à la psychanalyse, c'est vous qui voyez) ludique et drôle.
Quelques aspects sont même carrément intéressants,
comme la nécessité de la tristesse (tiens, "la
nécessité de la tristesse", ça ferait
un bon titre de roman, pour Kundera ou un autre), tout ce qui concerne
la construction de la personnalité, le rangement des souvenirs,
l'oubli définitif, et l'idée qu'en chacun de nous,
un sentiment domine les autres (bon, pour moi, c'est clair, c'est
pas la joie !...).
Ces aventures dans le monde de l'esprit parviendront-elles à
captiver les enfants ? En dessous de sept ou huit ans, c'est peu
probable. Après, c'est une histoire de maturité. Certains,
peut-être, ne feront pas la liaison entre ces personnages
et les sentiments qui animent la petite fille (maître al1,
c'est quoi, un sentiment ? t'es pas dans la m… quand un bout
de machin te pose ce genre de questions…), d'autres trouveront
que ça manque de bagarres et de poursuites et qu'il n'y a
pas de méchants bien définis.
Les spectateurs adultes (ou adolescents) sont sans doute mieux servis
que les enfants, avec beaucoup de références à
des notions un peu trop sérieuses… Mais ces mêmes
adultes pourront aussi être un peu déçus et
même agacés, par tout ce sentimentalement correct.