C'est un film d'univers. Un univers
angoissant, oppressant... une Terre futuriste inquiétante,
partagée en deux : le monde d'en haut, des citadelles opulentes,
inaccessibles pour ceux d'en bas qui vivent dans la grisaille, l'extrême
dénuement... la technologie est soit absente (pas de moyens
de communications de longues distances, pas de véhicules
terrestres...) soit ultra présente (un drone permet à
un homme totalement paralysé de suivre sa fille partout où
elle va, et de parler avec elle).
L'histoire sent le déjà vu, voir le réchauffé,
avec passages d'un monde à l'autre, robots à l'apparence
humaine, hécatombe écologique et espoirs de renaissance...
mais le récit est prenant, très prenant, les personnages
attachants, l'ambiance impressionnante : les décors sont
particulièrement réussis, sans déluge d'effets
spéciaux, tout le film est porté par une musique lourde,
poisseuse ou lumineuse, légèrement envahissante par
instants, mais indéniablement singulière. La jeune
comédienne (Raffiella Chapman) incarnant le personnage principal
est vraiment marquante, portant en elle autant de force que de fragilité.
Ça n'est pas le film SF du siècle, mais c'est infiniment
plus intéressant que la plupart des productions américaines
qui alignent les bons sentiments sur le monde qui va mal et qui
ne ressemble à rien. Dans ces chroniques de Vesper, le monde
est à l'agonie, et pourtant il est poétiquement réaliste.
Sombre, mais réaliste.
