Je n'ai rien contre les araignées.
Elles dégomment quelques sales bestioles genre moustiques,
ont une certaine élégance et ne piquent (ou mordent,
en vérité) que lorsqu'elles se sentent vraiment en
danger. Mais elles se retrouvent la plupart du temps écrasées
par l'humain, qui ne supporte pas que son univers soit envahi par
quelques toiles et que les grosses pattes poilues inquiètent.
Ici, elles sont, paraît-il, une allégorie des refoulés,
des habitants des cités pauvres. Il faut vraiment la chercher,
l'allégorie. Peut-être vaguement dans les dernières
images et le message final, en mode acceptation de l'autre. Elles
sont surtout l'occasion de foutre la pétoche au spectateur.
Sauf que… c'est raté de ce point de vue-là.
Histoire de crédibilité. Aucune morsure d'araignée
n'est mortelle pour l'homme, sauf si la morsure s'infecte. Le récit
imagine une bébête venue d'ailleurs (d'Afrique ?) qui
peut grossir de dix fois (et plus) sa taille si elle se sent menacée,
et qui devient adulte deux jours après sa naissance. C'est
du grand guignol.
C'est dommage, car le film commence plutôt pas mal, avec un
rythme soutenu et des échanges qui certes sont assez agressifs
mais qui contiennent aussi une bonne part d'humour. Puis les araignées
entrent en scène, au début c'est assez amusant, cela
peut rappeler nos peurs irrationnelles et montrent que nous ne sommes
pas tous égaux face aux animaux qui vivent avec nous. Puis
elles grossissent, les acteurs passent en mode "plus j'ai peur,
plus je crie", ça devient inaudible (la musique en plus,
c'est carrément douloureux pour les oreilles), les flics
qui interviennent sont ridicules et les bestioles n'ont tellement
plus de limites question taille que le récit bascule dans
le grand n'importe quoi, y compris la scène intimiste entre
le frère et la sœur censée faire pleurer, au
beau milieu du chaos.