Consternant de naïveté,
ou délicieusement romantique ? L'impression laissée
par ce film est plutôt ambivalente. C'est un alignement de
clichés, autant dans sa partie contemporaine que dans celle
qui montre Paris à la fin du XIXème siècle.
Pas un personnage n'échappe à la conformité
et tout semble tellement gentil, politiquement et socialement correct
que rien ne paraît crédible, ni le quatuor contemporain
de cousins éloignés où l'on a pris soin d'embrasser,
comme dans un film catastrophe des années 70, un maximum
de couches de la société, ni dans le charmant trio
belle époque qui bien évidemment rencontre la crème
des artistes de l'époque : on a le droit au passage à
quelques petites leçons d'histoire de l'art et à des
explications niveau légendes pour les 6-10 ans de quelques
mystères de la vague impressionniste. Ce qui est à
la fois étrange, merveilleux ou complètement mièvre,
c'est l'absence totale d'ironie, une façon limpide de narrer
un conte de fées comme s'il s'agissait d'une enquête
à suspense. Les acteurs se prêtent au jeu, et même
Suzanne Lindon n'est pas si mauvaise que ça. Il y a donc
parfois de jolies choses qui créent de l'émotion,
mais trop souvent on écarquille les yeux devant tant de niaiserie,
comme lorsque l'un des personnages, prof de son état, prend
sa retraite et que l'établissement dans lequel il exerce
organise une sorte de cérémonie, une haie d'honneur
gigantesque formée par les élèves : petit serrement
de cœur garanti mais aussi montagne de guimauve dégoulinante
jusqu'à l'écœurement.