Valérian vu par Besson,
c’était la promesse d’une légende de la
BD revisitée par un virtuose de l’image, des personnages
impertinents dans un monde imaginaire de folie mis en scène
par un maître du rythme et des ruptures de style. Deux grosses
heures de plaisir des yeux, un bon moment régressif rempli
de créatures hallucinantes, de gags iconoclastes, d’effets
spéciaux fabuleux… Hélas, mille fois hélas,
le film est raté. Les images sont bien là, visuellement
certaines d’entre elles forcent le respect ou l’admiration
mais elles n’expriment rien. Parmi les personnages non humains,
seuls les antropophages restent en mémoire, quoiqu’il
y ait comme un air de déjà vu. Tous les autres êtres
venus de planètes lointaines ne sont que des silhouettes
décoratives ou des apparitions fugitives : Rihanna et son
incarnation d’un personnage transformiste ? Un gadget qui
cherche à donner une bonne conscience au récit, sans
vraiment y parvenir tant les ficelles sont grosses. Chabat ultra
maquillé en pilote d’un bidule sous marin ? Même
pas drôle ! Le très gros machin trafiquant en tous
genres ? Pas drôle non plus et surtout déjà
vu (la guerre des étoiles, par exemple). Les anoréxiques
qu’on croirait sortis d’Avatar, purs et en symbiose
avec la nature qui les entoure ? Carrément ennuyeux et au
bout du compte assez disgracieux avec leur démarche quelque
peu… girafesque.
La musique pourtant signée Alexandre Desplat fait dans le
pompier sirupeux, envahissante et sans personnalité.
Le scénario, certes souvent le parent pauvre des productions
de Besson, est le prétexte d’un alignement de scènes
disparates, avec un fil conducteur ténu. Si au moins chacune
d’elles était drôle ou spectaculaire… mais
d’humour, point. Ou si peu. Et l’aspect fantastique
des décors sent tellement le numérique que rien ne
fait véritablement s’émerveiller. Même
le rythme est distendu, comme dans cette longue scène du
marché que l’on ne peut voir qu’avec un appareillage
spécial : drôle de fausse bonne idée, le déroulement
des actions est confus, le suspense frelaté, l’ennui
s’installe jusqu’à l’apparition du gros
toutou (très gros, le toutou) : ouf, enfin un truc drôle.
Et les deux personnages principaux ? Valérian manque de virilité,
trop jeune, trop blond, trop mignon, pas assez baroudeur. Ses scènes
avec Laureline n’ont pas la spontanéité de celles
entre Anglade et Parillaud dans Nikita. Laureline elle-même
n’est pas mal, un peu trop jeune aussi, mais avec du caractère,
boudeuse et féministe. Elle sauve quelques scènes
et porte des jolies tenues. C’est déjà ça,
mais c’est bien peu.