Under the skin

C'est quoi cette chose ??? Film ovni, assurément, où l'on voit Scarlett Johansson -brune- dans des scènes très répétitives attirer des hommes et les noyer dans une sorte de mélasse noirâtre pendant qu'elle, visiblement faite d'un autre bois que ces mâles, marche sur l'eau, pardon, sur l'espèce de liquide sombre. On la voit aussi conduire une grosse camionnette sous une pluie hivernale dans des paysages urbains cafardeux (on est en Ecosse). Ah, il y a aussi des hommes à moto qui sillonnent des routes humides (ça, ça plait beaucoup au réalisateur, car il y en a beaucoup, et comme on ne sait pas où ils vont et qui ils sont, c'est d'un intérêt à peu près nul). A un moment du film, Scarlett tombe dans la rue, face contre terre. Quelques passants s'émeuvent, la relèvent, et la voilà qui repart, comme si de rien n'était, ou à peu près. Elle rencontre aussi, un peu plus tard, un ersatz d'Elephant Man, qui se plaint qu'on le provoque dans les magasins où il va. Scarlett lui ouvre son cœur et… bon, je pourrais raconter encore quelques scènes sans queue ni tête, quoique à vrai dire, peu me soient restées en mémoire. Tout ça ressemble à une suite de vidéos qu'on pourrait voir dans une exposition d'art contemporain dont on sort en se disant, ouais, pas mal, mais point de vue émotion, c'est zéro, non ? Plastiquement parfois intéressant, comme cette scène (fugitive) où le corps de Scarlett couchée comme une femme endormie s'inscrit en incrustation dans un paysage forestier, l'ensemble ne propose aucun récit vraiment construit et les images (on lit ici et là que la photo est magnifique…ah bon, me serais-je endormi ?) froides, désincarnées, visiblement étudiées mais dans quel but (?), ne provoquent aucun frémissement, aucune accélération du cœur, juste un ennui, même pas poli. Un ennui légèrement agacé puis carrément profond.
En dehors du très léger plaisir de se dire que la star pulpeuse est capable de prendre des risques dans le choix de ses films, et de souhaiter la voir relancer sa carrière, il n'y a rien là dedans. Le néant filmique.