Un serait le contraire de deux, et vice versa. Dans cette histoire
d’amours, le problème ne vient pas de la solitude, mais
des trios. Deux est alors le contraire de trois. Et lorsque les trios
s’imbriquent, c’est la rengaine des histoires d’amour
qui finissent mal, en général. Quoique, pas pour tout
le monde : Sandra aime Léonard, qui aime Michelle, qui aime
Ronald. Qui est comblé, qui tombe à l’eau ?
Et encore, restent hors champ ceux qui aiment Sandra…
Pour que cette chaîne sans fin éclate, il suffit finalement
qu’un des êtres aimés se retourne vers celui (ou
celle) qui l’aime, pour former un couple : le trio est mort.
Il faudra un peu plus d’une heure et demie pour que cela arrive…
Sur cette trame de comédie, romantique ou burlesque, James
Gray tisse un mélo qui se veut flamboyant, tragique, déchirant,
beau comme des cœurs brisés ; le tout à grand renfort
de scènes nocturnes en blues majeur, baignées par une
lumière chaude et mélancolique et par une musique de
circonstance. Selon son propre état, sans doute, on sera plus
ou moins sensible à cette débauche de sentiments étalés
comme s’il s’agissait d’adolescents : les personnages
se comportent comme tels, avec des rapports aux parents qui ne paraissent
pas très crédibles pour des trentenaires. On pourrait
l’ignorer, et ne voir que les relations entre tourtereaux (et
oui, d’accord, on a tous quinze ans quand on est amoureux),
mais les deux couples de parents interviennent de façon trop
importante dans le récit : du coup, voir Joaquin Phoenix se
comporter, jusque dans son attitude corporelle, comme un teenager,
a de quoi faire sourire, voir même atteindre l’hilarité,
ce qui n’est probablement pas le but escompté.