Probablement le film le plus personnel
de Terrence Malick, cet "arbre de vie" laisse pourtant de
marbre une grande partie des spectateurs. Ethéré, opaque,
mystique, déconcertant, le film donne une impression étrange,
comme un objet superbe, d’une grande élégance,
mais qu’on ne voudrait absolument pas chez soi. Il y a bien
une histoire, celle d’une enfance mi-heureuse, mi-cauchemardesque,
entre un père charismatique mais d’une rigidité
monstrueuse et une mère lumineuse, angélique, sublime
de beauté et de bonté. Mais cette histoire est saupoudrée
de sauts temporels, sur l’histoire de la Vie d’une part
(et là, malgré la splendeur des images et de la musique,
on est confondu de tant de naïveté et de mysticisme obscur)
et sur le devenir de l’enfant d'autre part (lorsqu’il
est adulte, il a la tête de Sean Penn qui prend un air triste
(il sait drôlement bien le faire) mais on ne sait pas vraiment
pourquoi). Le tout est filmé à grand renfort de contre-plongée
et de mouvements de caméras incessants qui donnent la sensation
d’être embarqué dans une Citroën à
suspension hydraulique (hypnotisme ou nausée garantis, selon
sa propre résistance au mal des transports (et je ne parle
pas des transports amoureux)).
On a donc le droit à des séquences ahurissantes, avec
quelques dinosaures échappés des scènes coupées
de Jurassic Park, une rencontre entre Sean Penn et l’enfant
qu’il était (???), et aussi une autre entre Sean Penn
et son père n’ayant pas vieilli. Et puis d’autres
scènes sont véritablement sublimes, particulièrement
sur le bonheur familial (c’est génial, le bonheur vu
comme ça, on rêve tous d’avoir eu une mère
comme Jessica Chastain (d’où sort-elle, c’est un
Ange, la douceur incarnée !)). A l’intérieur même
de la plupart des scènes, on passe de l’admiration béate
au désarroi le plus complet : qu’est-ce que c’est
beau, mais qu’est-ce que c’est c…, et puis qu’est-ce
que ça veut dire ? Terrence Malick entretient donc sa légende
de cinéaste à part, mal compris, et malgré cette
chose qui sort de l’ordinaire (c’est le moins qu’on
puisse dire) mais qui ne convainc presque personne, on attend déjà
son prochain film avec impatience, dans trois, quatre, cinq ans, peut-être
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