Un peu d'agitation intellectuelle
et sentimentale de quelques personnages qui n'ont pas ou très
peu de soucis pour assurer leur vie matérielle, c'est ce
que propose Pascal Bonitzer. Il confie les rôles à
des acteurs connus qui font exactement ce qu'ils savent jouer, sans
surprise et sans donner beaucoup d'émotions, mis à
part trois ou quatre instants qui sont presque hors contexte. Agathe
Bonitzer, la fille du réalisateur, et Vincent Lacoste font
les jeunes plus ou moins arrivistes, plutôt mesurés
dans leurs élans et dans leurs passions. Les quelques fêlures
semblent très secondaires par rapport à la froideur
qui se dégage de leurs relations. Le personnage joué
par Julia Faure tranche un peu, apportant un peu de rondeur (dans
tous les sens du terme) et de chaleur, et c'est bien la seule parmi
les "jeunes". Côté vieux, la fragilité
(ouf, quand même) mais aussi la puissance de nuisance et l'ironie
mordante ont la part belle. Ils en sont plus ambigus, plus nuancés,
mais pas plus sympathiques. Et c'est bien cette absence d'empathie
qui empêche d'entrer vraiment dans cette œuvre chorale
pourtant pas mal écrite. Ce qu'il en reste après le
générique de fin, c'est juste une galerie d'ambitieux,
d'aigris qui sont bien loin de faire rêver. Les quelques pirouettes
finales vaguement romantiques ne rattrapent pas grand-chose et au
lieu d'adoucir le propos, l'affadissent.