Alors, qu'est-ce qu'il reste
? De la Révolution, du film, de nos vies… une danse
de séduction sur la musique des Indes Galantes, une vraie
surprise; une échappée presque sauvage sur la petite
ceinture, une probable désillusionnée qui s'est reconvertie
dans la lingerie pas trop chère vendue sur un marché,
avec une grande délicatesse; et aussi Mireille Perrier. Et
puis plein de choses énervantes parfois parce que Judith
Davis parle trop fort, émouvantes souvent parce que tout
nous fait sens, tout nous fait des clins d'oeil, drôles souvent
aussi parce la réalisatrice insuffle une ironie mordante
dans tout ce qui se dit et se fait. Un peu de sérieux de
temps en temps, mais un sérieux dérisoire, tel ce
pétage de plombs grande largeur à la fin d'un repas
de famille, qu'on sent un tout petit peu venir mais dans ces proportions-là,
peut-être pas, non. C'est terriblement triste et troublant
et gênant, et puis c'est en même temps drôle,
il n'y a plus de distance, ça n'est pas réel et ça
l'est quand même, c'est du vrai cinéma. Bien sûr
c'est un premier film, très parisien bobo fauché,
la réalisatrice a voulu tout mettre (enfin, presque tout)
et c'est parfois trop, mais c'est tellement vivant, personnel, créatif,
d'une énergie folle, spontané, ne craignant aucune
outrance et du coup parfois ça ne fonctionne pas mais on
s'en fout puisque parfois aussi ça fonctionne et ça
n'a rien à voir avec du cinéma tout prémâché.
Vive la Révolution, ou pas, de toutes façons il ne
nous en reste pas grand-chose (de la Révolution, pas du film).
Un sourire retrouvé. Allez, c'est déjà ça.