Tournée **

Mathieu Amalric

L'histoire

Un ex-producteur de spectacles fait son come-back avec une troupe de filles du New Burlesque : du strip-tease haut en couleurs sur les routes de France.

Avec

Mathieu Amalric, Miranda Colclasure, Suzanne Ramsey, Linda Maracini, Julie Ann Muz, Angela de Lorenzo, Alexander Craven

Sorti

le 30 juin 2010

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Escroc génial

 

Amalric est un escroc, ou bien un type qui a une chance phénoménale, ou bien encore un génie, à moins qu’il ne soit simplement un peu des trois… C’est quand même le seul acteur connu qui parvient à décrocher une récompense en interprétant un homme paralysé qui ne peut bouger qu’une paupière, dans "le scaphandre et le papillon". Un César pour savoir cligner de l’œil, c’est fort, très fort (le film est vraiment étonnant, à voir et à revoir…).
Au dernier festival de Cannes, Amalric renouvelle son petit tout de passe-passe. Il obtient le prix de la mise en scène pour un film où d’une part, il est de presque toutes les scènes et donc non responsable du cadre, du rythme de la caméra, de la capture de l'instant... et où d’autre part, les actrices elles-mêmes ont inventé la mise en scène de leurs "numéros". Sacré Amalric !
Qu’en est-il du film ? Inventif, radical, jouissif, exaspérant, paresseux, fouillis, étincelant ? Etonnant, sûrement. Profond, pas certain.
Difficile de parler d’un scénario, il s’agit d’une errance, du quotidien observé de façon poétique d’une troupe d’artistes américaines (américains, pardon, il y a un homme parmi elles) en tournée épique et totalement hors sujet pour ceux venus se rincer l’œil devant du strip-tease classique et glauque qu’on peut voir dans les films américains lorsque le héros a un rendez-vous louche avec un caïd mafieux propriétaire d’un bar à putes… On est effectivement loin, très loin de cet univers : ici, les numéros sont drôles, jouent sur l’autodérision mais n’oublient pas de créer du spectacle, avec des plumes, des accessoires, une énergie formidable et une avalanche de chairs. C’est fellinien, grotesque et sublime en même temps.
L’absence d’une véritable histoire, avec un début, un déroulement, une fin, est masquée par quelques enjeux mineurs : les artistes se produiront-elles à Paris ? les enfants de Joachim (Amalric) parviendront-ils à le considérer comme un père ? Joachim retrouvera-t-il un de ses anciens "amis" avec qui il n’aura pas de contentieux ?
En réalité, de tout cela on s’en balance, car ce qui balance c’est cette ambiance de foutoir organisé (ou pas), une impression de vie, un tourbillon que l’on quitte à regret… parce qu’il faut bien qu’un jour les choses s’arrêtent.
Au milieu de ce joyeux capharnaüm, brillent quelques instants de grâce, une rencontre inattendue (la caissière de la station essence, la seule qui accepte de baisser le son de la radio :une très émouvante (et drôle !) "brève rencontre" qui en reste à l’état de quelques mots échangés), une chanson triste et douce au milieu d’une nuit dans le hall d’un hôtel pour rassurer des enfants et se faire du bien, un baiser sur un quai face à la mer (c’est banal, dit comme ça, mais là non, c’est loin d’être une comédie romantique…).
Alors, Amalric est peut-être un escroc ou un génie, c’est égal, son film tranche sur la médiocrité ambiante, il a du caractère, et même sans scénario il est enthousiasmant.

 

 

 

Pas encore de commentaires pour ce film

Le producteur de la tournée a de sacrés problèmes personnels, Les relations qu’il entretient avec les personnages de sa troupe, sa famille, ses amis sont complexes, petite joie grosse tristesse, le film ne fait qu’effleurer ces liens, le comportement des strip-teaseuses n’est pas mis en avant et on ne comprend pas trop ces morceaux de vie du monde du spectacle.
Peut-on avoir une fin avec ce genre de film ?


Dominique P, le 6 août 2010

 

Envoyez votre commentaire