Il n'est point question de vélo,
mais de l'alliance forcée (au moins au début) entre
deux personnages que tout oppose, les goûts musicaux, l'origine,
le statut social, leur place dans leurs familles respectives. Du
point de vue du récit, ce rapprochement improbable entre
un bougon raciste aux idées racornies mais étonnamment
cultivé et un rappeur mal élevé et cependant
ulcéré par les ségrégations diverses
a quelque chose d'une comédie romantique, où tout
sépare deux êtres qui malgré leurs divergences
fileront le parfait amour à la toute fin. Pas très
crédible, donc. Mais le film distille tout de même
un petit charme, dû à son aspect bancal, son côté
bricolé, ses approximations, ses (probables) improvisations.
Depardieu ne force pas son talent, il est lui, tout simplement,
tout en grognements et minauderies, épais et très
fin en même temps : il est encore capable d'offrir une belle
séquence émotion avec juste son dos, et une vieille
chanson. Sadek (il semble que ce soit un authentique rappeur), malgré
sa volumétrie assez proche de celle de son partenaire (en
plus élancé quand même) a du mal à faire
le poids face à Gégé. Le film avec tous ses
défauts montre néanmoins une certaine réalité,
une sorte de déchéance, une France "où
tout change" comme il est dit dans le film.