Total Recall, c'est
un souvenir ancien, une splendeur de film de SF, pleine de bruit
et de fureur, dotée d'un scénario intelligent (adaptation
d'une nouvelle de Philip K. Dick) et un Schwarzy au sommet de sa
forme… Sauf que le souvenir se heurte violemment à
la réalité d'aujourd'hui (2020). Si le scénario
est effectivement plutôt malin, avec tout un tas de fausses
pistes, personnages ambigus qui cachent bien leur jeu, secrets en
pagaille, le traitement de Paul Verhoeven a la légèreté
du mammouth. Les effets spéciaux ne sont pas encore passés
dans la catégorie du bricolage drolatique façon années
50, mais ils paraissent maintenant tellement dépassés
qu'ils piquent les yeux, en particulier pour tout ce qui est transformation
physique lorsque les personnages sont confrontés au manque
d'air… les yeux exorbités font irrésistiblement
penser à Mars Attacks ! (mais le film de Tim Burton
était clairement une parodie). La violence est omniprésente,
ça castagne et le sang coule à flot, Verhoeven en
rajoute dans la chair tranchée, la tendance est carrément
gore, de façon gratuite et complaisante, destinée
à un public friand de scènes de mutilations. L'intérêt
de cette violence au premier degré est à peu près
nul pour un tel récit. Du coup, les subtilités du
scénario, les retournements de personnages et de situations
semblent passer au second plan, traitées sans grâce,
ni humour, ni romantisme. Rachel Ticotin, qui joue le personnage
féminin "positif" n'a aucun charisme, au contraire
de Sharon Stone, qui disparaît trop tôt…Schwarzy
n'a pas l'aspect monolithique de Terminator, il s'essaye
à jouer quelques intentions, et c'est assez ridicule…
Le mythe s'effondre donc, Total Recall ne passe pas la
barrière du temps, recalé, au contraire de Blade
Runner, L'armée des douze singes ou Matrix…tous
issus du vingtième siècle.