C'est Tom, un gentil p'tit gars
qui déboule dans la famille de son amant qui vient de mourir.
Mais la mère ne sait pas que son fils était homo.
Le frère, si. Et il veut cacher ça à sa mère.
Pour le point de départ, ce pourrait être une suite
d'une pièce de Jean-Luc Lagarce, où un homme revient
dans sa famille pour annoncer qu'il est malade, qu'il va bientôt
mourir du SIDA, et il n'y parvient pas, il repart sans avoir rien
dit. Le film de Xavier Dolan pourrait raconter ce qui se passe après
le décès. Sauf que la langue n'est pas la même.
Et puis chez Lagarce, il y a beaucoup d'introspection, le discours
tente d'établir le contour d'une réalité. Chez
Dolan, les sens priment. Tout concourt à plonger le spectateur
dans un malaise terrible. L'atmosphère de la ferme, dans
cette famille où ils ne sont plus que deux, s'apparente à
un cauchemar. Les silences, les bouffées de violence, les
mots qui cinglent, tout est oppressant, étouffant…
Les moyens employés pour faire ressentir cette pression sont
à la fois simples (pas d'effets inhérents aux films
d'horreur, ou même de suspense) et complexes : le montage
(Dolan lui-même), l'utilisation de la musique, la longueur
des scènes, la laideur étudiée des décors,
le jeu des acteurs qui oscille entre minimalisme et théâtralité,
rien n'est vraiment attendu. C'est du cinéma toujours inventif,
dérangeant… Mais au bout du compte, on peut avoir envie
de fuir, d'échapper à cette ambiance poisseuse dont
les images et les sons vous poursuivent. Dehors, pas loin de la
salle de cinéma, on joue "à la recherche du doudou
perdu", destiné aux enfants entre 4 et 6 ans. Ça
doit finir bien, ça donne presque envie…