Le préambule indique que
l’histoire s’inspire d’événements
réels, et que ce n’est que par hasard que les choses
ne se soient pas passées ainsi…
Le ton est donné, on est dans le registre de la comédie
amère, celle des gens qui n’ont rien ou presque pour
vivre, mais qui s’aiment, s’entraident et rêvent
qu’un jour la vie pourrait être meilleure. Ce pourrait
être franchement cafardeux, épouvantablement sombre,
une description misérabiliste. Ce pourrait être au contraire
une comédie débridée, énorme et carrément
iconoclaste. Le film est bien sûr entre les deux tendances,
ni triste à mourir, ni joyeux à s’esclaffer. Selon
son humeur, on regrettera le manque de dénonciation de ce système
économique absurde qui oblige les habitants de cette petite
ville uruguayenne à chercher des denrées moins chères
au Brésil tout près, ou bien l’absence de gags
et de situations religieusement incorrectes. Le film ne cherche pas
à expliquer, ni à démontrer quoi que ce soit.
Il raconte simplement, avec quelques lenteurs au début, comment
l’unité d’une famille est fragile face à
l’adversité. Avec ce matériau, ce scénario
très simple, les deux réalisateurs ont fabriqué
un bijou discret, sans brillance, sans emportement mais avec beaucoup
de tendresse pour leurs personnages, le tout baigné dans une
lumière particulière, un soleil voilé dans un
pays que l’on devine parfois accablé de chaleur mais
où ici, à cet instant de leur vie, les personnages ont
froid. On se balade d’un bout à l’autre du récit
avec un sourire inquiet, avec l’envie que tout fonctionne comme
prévu et pourtant avec la quasi-certitude que les rêves
n’aboutiront pas.