Un peu moins de quarante ans
plus tard, en France et en période de paix, François
Truffaut signe une sorte de remake du film de Lubitsch, couronné
par une avalanche de césars, Le dernier métro.
Plus une variation qu'un remake, d'ailleurs. Sans l'ironie à
la fois féroce et légère de To be or not
to be mais avec la même importance donnée au personnage
principal féminin. Marion Steiner (Catherine Deneuve) et
Maria Tura (Carole Lombard) sont celles par qui les choses sont
possibles, rebelles chacune à leur manière, par leur
résistance à l'ordre établi, et par leur envie
de vivre leurs désirs, à une époque où
cela pouvait passer au second plan. Le film de Lubitsch, sorti (aux
Etats Unis) à un moment où la fin de la guerre paraissait
lointaine et incertaine, ridiculisant les nazis, est un tour de
force, vraiment gonflé, montrant déjà la capacité
du cinéma américain à traiter du présent
avec une grande acuité. Presque quatre-vingts ans plus tard,
le sujet est toujours brûlant, la réalisation et le
jeu des acteurs un peu datés. Il y a certes beaucoup de plaisir
à le découvrir mais aussi un peu d'impatience face
à certains manques de rythme (contrairement aux films de
Capra) et à une organisation du récit très
sage. Il n'empêche, le film est maintenant un monument qui
conserve son humour distingué, élégant, et
très efficace.