La tisseuse **

Wang Quan’an

L'histoire

Lily, ouvrière dans une usine de tissu, partage son temps entre son travail, son fils et son mari. Suite à un événement bouleversant, elle décide de partir seule...

Avec

Yu Nan, Cheng Zhengwu, Zhao Luhan, Xia Yongquan

Sorti

le 24 février 2010

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Les fils de la vie

 

Sur quoi tient la fascination, la sensation d’hypnotisme que l’on a parfois devant une scène, comme un moment magique, une alliance des images et du son qui prend aux tripes, qui ne vous lâche pas, qui imprime la mémoire…
A ce titre, la séquence d’ouverture, où l’on suit Yu Nan dans l’usine, plan large hallucinant sur des milliers de métiers à tisser fonctionnant dans un vacarme assourdissant mais incroyablement rythmé, est une entrée en matière splendide, qui à la fois montre la dureté des conditions de travail et instaure un recul poétique. Ou bien cet autre instant de grâce pure lorsque des couples à vélo sur la neige devisent sur les choses de la vie, les hommes tenant les guidons, les femmes élégamment assises sur les porte-bagages, la caméra les suit en un long travelling de côté, puis les quitte comme à regret. On pourrait citer encore des dizaines de ces très belles scènes qui racontent la vie d’une femme, et ce dont on sait d’elle les rendent encore plus prenantes, voire poignantes… Le choix du tissage comme activité professionnelle, même industriel, n’est pas anodin : on découvre les divers éléments de son existence comme autant de fils tissés qui peu à peu composent un portrait social et sentimental.
Bien sûr, il ne se passe pas énormément de choses, c’est un cinéma intimiste (mais offrant de belles échappées grandioses) qui privilégie les instants creux, les entre-deux, la contemplation ; c’est un cinéma qui respecte ses personnages, qui donne du temps aux échanges muets, aux regards ; c’est un cinéma fragile peut être, d’une grande douceur en apparence mais qui porte son poids de mélancolie et qui peut rendre amoureux de la vie, tout simplement…

 

 

 

Vos commentaires pour ce film

Ce film sur la difficulté de donner du sens à sa vie est extrêmement bien conduit : elle et son mari sont touchants, on les voit évoluer tout au long du film en s'attachant tantôt à elle, tantôt à lui. Le mari en particulier qui, de très effacé et "palichon" au début, prend peu à peu du corps, il devient presque beau sur les dernières scènes. Le seul personnage auquel je n'ai réussi à croire est l'amour de jeunesse : je ne sais pas s'il dit vrai quand il revient sur le passé, il a l'air éteint quelque soit le sujet abordé par elle.
Le travail dans ce monde du textile est bien représenté, les quelques loisirs (entre dancing et chorale) rythment ces vies où, comme le répète régulièrement la maman pour son fils "il faut faire beaucoup d'efforts pour arriver à quelquechose". Ce quelquechose où on est entre vie et survie, chacun plaçant le curseur plutôt d'un côté ou de l'autre.

Irène D. le 16 juin 2010

 

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