C'est une œuvre de révolte,
un cri d'horreur et de désespoir lancé à la
communauté internationale pour que celle-ci s'indigne du
sort des populations abandonnées sous le joug d'une poignée
d'extrémistes religieux. Il se trouve qu'ici, les évènements
dont s'empare le réalisateur, ont amené la dite communauté,
et plus particulièrement la France et le Président
Hollande, à réagir par la force, et cette partie du
Monde a été libérée et vit maintenant
dans une paix certes fragile mais bien réelle. Le film existe
donc pour témoigner de ce qui a pu être en cet endroit,
de ce qui demeure maintenant, ailleurs… et de ce qui peut
encore se produire, si on laisse faire la folie des hommes. On peut
attaquer la religion et l'extrémisme qui en découle
inévitablement. Mais plus encore il s'agit de quête
du pouvoir, de politique, du besoin de certains d'en asservir d'autres,
la foi ou son interprétation ne sont que des prétextes.
Le film pourrait être un objet politique lui-même, un
témoin flamboyant et néanmoins poétique de
la résistance, de l'humanité qui survit malgré
tout. Il l'est, par instants, lors de quelques scènes fortes
et ne souffrant d'aucune ambiguïté (l'Imam demandant
aux extrémistes, avec un calme impressionnant, de quitter
la mosquée parce qu'ils sont armés, ou bien la femme
refusant de se couvrir les cheveux et disant à l'homme qui
vient de le lui demander de regarder ailleurs si cela le dérange…)
Mais le scénario, en voulant éviter tout manichéisme,
en cherchant à se démarquer de ce qui peut être
attendu dans ce type d'œuvre, s'emmêle parfois les pinceaux,
fait passer le héros pour un criminel : a-t-on vraiment besoin
de cette complication ? Le procès est-il représentatif
de la justice des extrémistes, ou bien aurait-il pu se passer
de cette manière avant la prise de pouvoir par les djihadistes
? De la même façon, un des oppresseurs se retrouve
à danser, en parallèle avec des images terribles :
pourquoi en est-il venu à danser ? a-t-il basculé
? le spectateur est mis plusieurs fois face à ses propres
questions, sans réponses. Quelle est la signification du
retour en fin de film de l'image de la gazelle courant à
travers la savane ? Quel est le rôle du porteur d'eau ? La
scène de lapidation, paraît-il à l'origine de
l'existence du film, n'est absolument pas expliquée ni remise
dans son contexte, elle semble déconnectée de l'histoire
principale. Une conversation avec le réalisateur pourrait
sans doute apporter des éclairages, mais le film seul est
incomplet, bancal, peut laisser le spectateur dans un état
de doute assez désagréable.