Timbuktu

Abderrahmane Sissako

L'histoire

Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, un petit berger âgé de 12 ans qui s’occupe de son troupeau de vaches.

Avec

Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri, Fatoumata Diawara, Hichem Yacoubi

Sorti

le 10 décembre 2014


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Doute en souffrance

 

C'est une œuvre de révolte, un cri d'horreur et de désespoir lancé à la communauté internationale pour que celle-ci s'indigne du sort des populations abandonnées sous le joug d'une poignée d'extrémistes religieux. Il se trouve qu'ici, les évènements dont s'empare le réalisateur, ont amené la dite communauté, et plus particulièrement la France et le Président Hollande, à réagir par la force, et cette partie du Monde a été libérée et vit maintenant dans une paix certes fragile mais bien réelle. Le film existe donc pour témoigner de ce qui a pu être en cet endroit, de ce qui demeure maintenant, ailleurs… et de ce qui peut encore se produire, si on laisse faire la folie des hommes. On peut attaquer la religion et l'extrémisme qui en découle inévitablement. Mais plus encore il s'agit de quête du pouvoir, de politique, du besoin de certains d'en asservir d'autres, la foi ou son interprétation ne sont que des prétextes.
Le film pourrait être un objet politique lui-même, un témoin flamboyant et néanmoins poétique de la résistance, de l'humanité qui survit malgré tout. Il l'est, par instants, lors de quelques scènes fortes et ne souffrant d'aucune ambiguïté (l'Imam demandant aux extrémistes, avec un calme impressionnant, de quitter la mosquée parce qu'ils sont armés, ou bien la femme refusant de se couvrir les cheveux et disant à l'homme qui vient de le lui demander de regarder ailleurs si cela le dérange…) Mais le scénario, en voulant éviter tout manichéisme, en cherchant à se démarquer de ce qui peut être attendu dans ce type d'œuvre, s'emmêle parfois les pinceaux, fait passer le héros pour un criminel : a-t-on vraiment besoin de cette complication ? Le procès est-il représentatif de la justice des extrémistes, ou bien aurait-il pu se passer de cette manière avant la prise de pouvoir par les djihadistes ? De la même façon, un des oppresseurs se retrouve à danser, en parallèle avec des images terribles : pourquoi en est-il venu à danser ? a-t-il basculé ? le spectateur est mis plusieurs fois face à ses propres questions, sans réponses. Quelle est la signification du retour en fin de film de l'image de la gazelle courant à travers la savane ? Quel est le rôle du porteur d'eau ? La scène de lapidation, paraît-il à l'origine de l'existence du film, n'est absolument pas expliquée ni remise dans son contexte, elle semble déconnectée de l'histoire principale. Une conversation avec le réalisateur pourrait sans doute apporter des éclairages, mais le film seul est incomplet, bancal, peut laisser le spectateur dans un état de doute assez désagréable.

Vos commentaires pour ce film

Comment exprimer le choc ressenti devant ce qui ressemble à une tragédie africaine. C'est un film lent, beau et poétique. Un témoignage sur la foi piétinée par la bêtise. Avec des images magnifiques, mais aussi très dures.
Une émotion et un sentiment de révolte très profond. Un film à voir absolument.


Isabelle EC, le 14 décembre 2014

 

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