On comprend ce
qui a pu motiver Gondry pour réaliser ce film hors normes.
La construction du scénario, qui s'apparente aux films d'horreur
où les personnages disparaissent les uns après les autres,
permet de varier les points de vue, mettant en lumière les
différents protagonistes chacun leur tour. Le récit
juxtapose le portrait de groupe (the We), propice à la description
des relations, complexes et sans cesse mouvantes, et aussi au fur
et à mesure de la connaissance de chacun, les portraits individuels
(the I), certains se révélant lorsque d'autres quittent
la scène (the Bus). Le choix du lieu (le Bronx), un des derniers
quartiers vraiment populaires de New York, n'est pas innocent et donne
beaucoup d'importance à al langue, aux échanges qui
s'apparentent parfois à des joutes verbales. Enfin, les comédiens,
tous amateurs, donnent l'impression de ne pas jouer, d'être
juste ce qu'ils sont, sans artifices. Pas de visages connus, pas de
performance d'acteur, rien que du naturel.
Toutes ces bonnes intentions auraient pu être à l'origine
d'un film passionnant, drôle, émouvant. Deux écueils
empêchent le spectateur quadragénaire (comment ça,
un peu (beaucoup) plus ?) et non anglophone de profiter pleinement
de la richesse potentielle de l'ensemble. Les personnages sont des
lycéens, avec des préoccupations pas tout à fait
universelles. Ils est donc parfois difficile de s'identifier, de s'intéresser
à ce qui se passe (pas grand-chose, à vrai dire) et
ce qui se trame entre ces adolescents (très adolescents) américains
(très américains). De plus, ils parlent, parlent, n'arrêtent
pas de parler, et on a bien du mal à suivre le flot (le flux)
et on peut passer son temps à suivre les sous-titres qui défilent
à toute allure… On peut aussi choisir de tenter de s'en
passer et d'essayer de comprendre juste en écoutant…
au bout de quinze secondes, on est largué (enfin, vous je ne
sais pas, mais moi, oui.)