Tout le monde connaît Tchernobyl,
sa jolie centrale, ses plages le long d'un affluent du Dniepr, les
nuages toxiques qui se sont propagés à la suite d'un
petit accident nucléaire (euh… 7 quand même sur
l'échelle internationale des évènements nucléaires,
qui en comporte…7) et qui par miracle se sont arrêtés
aux frontières de l'époque, lesquelles, comme chacun
sait, avaient tout de même beaucoup plus d'efficacité
que les actuelles. Oui, Tchernobyl, tout le monde connaît.
Mais Pripiat ? Ah, Pripiat, une bien belle ville soviétique
avec ses charmants immeubles, ses larges avenues et tout un tas
d'équipements sportifs et culturels. Pripiat se trouvait
(et se trouve toujours) à quelques kilomètres de la
centrale. C'est maintenant un lieu où la radioactivité
est énorme, et pourtant des "touristes" viennent
visiter la ville devenue fantôme, sorte de Pompéi moderne,
sans aucune destruction visible, sinon celle du temps qui passe.
Etrangement (étrange ? vraiment ? le lobby nucléaire
est sacrément puissant, non ?), cette "terre outragée"
est la première œuvre cinématographique s'emparant
du sujet. Et elle veut tout aborder, tout dire, le passé,
le présent, la vie d'avant qui coulait doucement, les conséquences
humaines de la catastrophe, l'évacuation bien trop tardive,
le destin de la ville abandonnée et de ses habitants, le
regard mi-effrayé, mi-fasciné des visiteurs étrangers.
Elle mélange les genres, la tragédie, les amours symboliques,
le documentaire… Mais au final, ce sont bien les émotions
qui sont absentes. La vie idyllique d'avant l'explosion paraît
tellement illuminée qu'elle en est comme factice. La catastrophe
est montrée de loin, une vague fumée s'élevant
dans le ciel… et même avec une musique grave, cela ne
fait pas peur, cela ne marque pas les esprits, on ne croit pas à
cette reconstitution, tout cela sent trop le manque de moyens. Plus
tard, les vues de la ville fantôme font beaucoup plus de d'effets,
et pour cause, elles ont été tournées sur les
lieux mêmes. Mais les histoires qui s'y passent ont un poids
symbolique sentant le pré-fabriqué, l'adolescent qui
cherche son père, la femme tiraillée entre deux amours,
entre deux futurs…
Le film a le mérite d'exister, espérons qu'il sera
suivi par d'autres qui oseront comme lui, briser le silence et poser
la question des conséquences dramatiques possibles pour d'immenses
parties de l'Humanité en cas d'accident nucléaire
majeur…