On est un peu gêné de s’ennuyer devant ce triste
spectacle, la description d’une ultime révolte, inutile
et dérisoire. Des indiens voulant se réapproprier la
terre de leurs ancêtres, défient les principes de la
propriété imposés par les colons qui sont arrivés
il y a tellement longtemps que leur attachement à la terre
paraît lui aussi légitime.
Une scène symbolise cette incompréhension, lorsque le
riche propriétaire explique en prenant la terre dans ses mains
que toute sa famille vient de là, qu’il y travaille pour
qu’elle devienne fertile, que sa vie ne peut être ailleurs.
Il est absolument sincère et ses arguments paraissent imparables.
Le chef indien, face à lui, n’a qu’une seule réponse
: il prend la même terre et la mange. Le thème du territoire
des ancêtres est bien sûr au cœur du film, mais il
n’est pas traité de façon universelle (et pourtant,
il y a de quoi, la majorité des guerres en sont la conséquence).
On peut rester complètement en dehors de la problématique,
posée d’une manière peut-être un peu trop
théorique, mélangeant un aspect documentaire à
une ou plutôt plusieurs histoires reliant les différents
personnages. Ces confrontations semblent d’ailleurs bien plus
intéressantes, plus riches du point de vue du récit
: ainsi en est-il des deux histoires d’amour, ou ce qui peut
passer pour de l’amour entre des membres des deux communautés
opposées. Mais toute l’ambiguïté potentielle
de ces relations est ignorée, comme si le réalisateur
se rappelait tout d’un coup que cela ne fait pas partie de son
sujet.
De même, toutes les tensions naissant inévitablement
d’une telle situation promettent des scènes paroxystiques
qui ne viennent jamais vraiment, ou alors comme si elles étaient
sous-traitées, en refusant systématiquement le spectaculaire.
Ainsi, la mise à mort finale, qui pourrait être un moment
fort et lourd de sens, n’a que peu de lisibilité, le
choix d’en faire un ballet de voitures tue les émotions
possibles, et transforme la scène en quelque chose de très
flou.
Lorsqu’un peu plus tard, le jeune indien vient réclamer
vengeance en poussant des cris, les regards échangés
avec la jeune fille qui fut son amante, entre attirance et répulsion,
entre peur et fascination, laissent penser qu’un autre film
aurait été possible, avec plus de moiteur, de poésie,
de sensualité.
De
la moiteur...