J’ai un souci avec Elia Suleiman.
Son côté clown blanc, pince sans rire, un peu Buster
Keaton, un peu Tati, m’exaspère. Ici, il n’apparaît
que dans la dernière des quatre parties retraçant une
histoire d’Israël et de la Palestine, et il est comme à
son habitude, monolithique, posture immuable du Gilles de Watteau.
Il semble que cela fasse rire certains.
Les trois autres chapitres, sans lui, portent tout de même son
empreinte, c’est normal, il est le réalisateur. Et là
aussi, j’ai du mal. Tout fonctionne par sketches, parfois muets,
porteurs lourds de sens. Leur signification est parfois limpide et
du coup les scènes n’ont que peu d’intérêt,
un peu comme des portes ouvertes que l’on enfoncerait à
coups de tanks (ah, si, tout de même, justement, la scène
du tank qui suit le jeune homme parlant dans son téléphone
: celle-ci, sans être légère, est franchement
drôle). D’autres séquences restent très
énigmatiques, soit délirantes et apparaissant comme
gratuites pour ceux qui n’ont pas une connaissance aigue de
l’histoire du pays, soit souffrant carrément d’un
manque de clarté, particulièrement dans la reconnaissance
des personnages de la dernière partie.
Mais le cinéma d’Elia Suleiman est incontestablement
inventif, percutant, poétique, d’une originalité
unique. Il parvient à évoquer une Histoire contemporaine
dramatique avec un recul étonnant. Il suffit d’être
sensible au personnage et à sa façon singulière
de filmer pour être sous le charme.