Téhéran tabou *

Ali Soozandeh

L'histoire

Téhéran : une société schizophrène dans laquelle le sexe, la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux. Dans cette métropole grouillante, trois femmes de caractère et un jeune musicien tentent de s’émanciper en brisant les tabous.


Avec

Elmira Rafizadeh, Zahra Amir Ebrahimi, Arash Marandi, Negar Nasseri, Bilal Yasar

Sorti

le 4 octobre 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

La souffrance des femmes

 

Récit choral au féminin pluriel, ce film d’animation signé par un réalisateur iranien installé en Allemagne est un constat terrible sur la condition des femmes dans une société dominée par les hommes et par la religion. Ce qui est montré n’est absolument pas simpliste, il n’y a pas d’un côté les affreux intégristes détenteurs d’un pouvoir basé sur un dogme et d’un autre côté des victimes expiatoires de cet ordre établi. La réalité est bien plus complexe, les habitants de la ville de Téhéran sont avant tout des hommes et des femmes mus par leurs envies, leurs désirs, leurs pulsions. Bien sûr les hommes ont bien plus de droits que les femmes, bien sûr celles-ci souffrent du carcan imposé pas seulement par un Islam tout puissant, mais aussi par des traditions très anciennes, des tabous immuables. Bien sûr tout cela est présent, mais certaines femmes gagnent une part de liberté, certains hommes refusent de respecter un schéma unique. Et puis l’accès à la culture occidentale, de plus en plus facile avec internet, finit par créer des failles dans cette organisation sociale et morale… On imagine que si le réalisateur avait voulu tourner ce scénario-là à Téhéran même, il aurait rencontré des obstacles insurmontables, une censure draconienne. En choisissant un procédé mixte (prises de vues réelles transformées en images d’animation), il peut s’affranchir de ces contraintes, filmer ses acteurs en studio puis les intégrer dans des décors dessinés, tout en donnant à l’ensemble du film une touche artistique très originale. Cela permet aussi de créer une distance, sans doute indispensable pour le spectateur pour supporter les situations vécues par les personnages. Au final, c’est une œuvre marquante, éprouvante et qui rend compte sans doute bien mieux que n’importe quel discours de l’oppression subie par les femmes. Elle questionne aussi sur notre propre société, occidentale, prétendument libre et égalitaire…

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