Todd Field à écrit
le scénario pour Cate Blanchett et le moins qu'on puisse
dire, c'est que l'actrice est bien servie. Un rôle en or,
un rôle à Oscar, un rôle énorme. Et Cate
Blanchett fait effectivement des étincelles, écrasant
tout sur son passage. Elle y est merveilleusement perverse, magnifiquement
manipulatrice, musicienne hors norme, femme puissante d'une intelligence
terrible, obtenant tout ce qu'elle désire, séduisante,
obsédante, repoussante. Le récit dans ses détails
et circonvolutions est complexe, ménageant des mystères,
zones d'ombre, ambiguïtés, mais l'issue est inscrite
dans la teneur même du personnage qui ne peut rester si haut
si longtemps. La chute annoncée est fracassante, l'atterrissage
final est d'une telle amertume qu'il en est presque drôle.
Tout cela est parfaitement huilé, tout s'enchaîne avec
précision, éminemment musical et même les grincements,
frottements, dissonances et discordances sont admirablement réglés.
On ne peut qu'admirer le travail. Mais cette perfection empêche
de s'attacher au personnage, ce qui lui arrive est cruel, mais elle-même
ne manifeste jamais d'empathie, elle est une sorte de monstre, et
lorsqu'elle s'écroule, il y a quelque chose en nous qui se
réjouit de cette chute.