A posteriori, le suspense initial généré par
le mystère entourant le jeune homme qui sort de prison paraît
déplacé, un peu malsain. On sait qu’il y a eu
crime, on ne prend pas vingt ans pour rien, mais lequel ? On comprend
rapidement qu’il y a un rapport avec la jeune fille suivie.
Les hypothèses à ce moment-là sont multiples,
et flattent la perversité enfouie (ou pas) de chaque spectateur.
Robinson Stévenin en rajoute un peu dans les regards fixes,
on peut aisément avoir peur de cet allumé, beau d’accord,
mais très mal poli et inquiétant. Puis, lorsque l’on
sait la nature du crime, le suspense se volatilise pour faire place
à une autre sorte de jeu : s’il y a eu crime des années
auparavant, pourquoi n’y en aurait-il pas un autre ? Mais qui
va tuer, et qui sera la victime ? A moins qu’un bon petit suicide
bien sanglant ne vienne régler tout ça… En fait,
tout est possible, et comme les raisons du traumatisme initial ne
sont jamais élucidées, même pas le début
d’une toute petite explication, tout peut être envisagé.
La relation entre les deux jeunes gens cacherait-elle un secret de
famille ? Et le coupable l’est-il vraiment ? Comme le scénario
laisse tout ouvert, le mystère devient théorique, il
ne semble pas concrètement vécu par les personnages
et ressemble finalement à un grand vide, malgré le talent
évident de Fanny Valette, qui donne, elle, une réalité
à son personnage.
