"On the
road" de Jack Kerouac, c'est une légende, quelque chose
que personne n'ignore, mais qu'au fond, personne n'a lu (enfin, presque).
On s'en fait une idée, un voyage au bout de soi-même
à travers l'Amérique, une quête initiatique…
Walter Salles a pris le risque de l'adaptation, et a posé des
images sur des personnages de fiction, qui eux-mêmes sont largement
et presque intégralement inspirés de personnages réels.
Il faudrait avoir l'avis éclairé d'un lecteur du roman
pour dire s'il y a trahison ou pas, mais pour un novice face à
l'œuvre, c'est l'ennui qui s'impose. Les jeunes adultes qui brûlent
leurs vies par les deux bouts, tout à fait inconséquents,
n'ont pas beaucoup de charme. Ils se comportent en êtres immatures
et surtout très égocentriques. Ce n'est pas un voyage
dont il s'agit, mais de plusieurs, dont on ne saisit pas vraiment
les tenants et les aboutissants. Le réalisateur, peut-être
écrasé par son projet et par son envie d'être
au plus près de l'esprit du livre, ne donne aucune ambiance
à l'ensemble, à part une impression plutôt désagréable
de fouillis sans contraste. Rien ne ressort particulièrement.
Ils clopent, ils boivent, ils baisent, ils se droguent, ils font des
kilomètres en voiture, ils volent dans les magasins, ils sourient
tout le temps et tout ceci, au bout du compte, laisse le spectateur
totalement froid. L'un d'eux abandonne femme et enfants, on s'en moque
complètement. La femme en question pleure beaucoup, on s'en
moque également. On se dit qu'un jour, à force de conduire
ivres ou défoncés, ils vont se retrouver dans un fossé,
mais non.
A la fin, le héros (enfin, pas tout à fait sûr
que ce soit lui, le vrai héros) se met à écrire
tout ce qu'il vient de vivre en deux années de perpétuelle
bougeotte, ça donne un grand rouleau de papier et tout ça
sera un jour publié, et ce sera "un des cent meilleurs
livres du Monde", "une légende du vingtième
siècle", "un témoignage de la beat generation".
Dans la salle, on ne pense à ce moment-là qu'à
une chose, au bout de deux heures vingt de projection (qui ont paru
durer deux heures de plus), "chouette, c'est fini…"