Sur la planche

Leïla Kilani

L'histoire

Tanger - Aujourd’hui, quatre jeunes femmes de vingt ans travaillent pour survivre le jour et vivent la nuit. Toutes quatre ouvrières, elles sont réparties en deux castes : les textiles et les crevettes. Leur obsession : bouger.

Avec

Soufia Issami, Mouna Bahmad, Nouzha Akel, Sara Betioui

Sorti

le 1er février 2012

La fiche allociné

 

La critique d'al 1

La fille-crevette

 

Badia est une fille-crevette (elle décortique des crevettes, c'est son taf) qui a une tchatche incroyable, une façon de jouer avec les mots, poétique ou directe, parfois incompréhensible… Même en arabe, on sent bien que le scandé des mots n'est pas habituel, que les autres personnages ne saisissent pas tout, et à vrai dire, ça rassure qu'on ne soit pas le seul… La fille-crevette se tortille, bouge, se lave, se relave, bouge encore, réfléchit en parlant, bouge en continu, elle n'en finit plus de parler et de bouger, la caméra la suit, tente d'absorber son énergie sans toujours y parvenir. Le récit la montre avec une amie, plus timide, et puis plus tard avec deux autres filles, pas des crevettes, des textiles (elles pointent dans des usines de vêtements). C'est drôlement mieux, d'être textile. Pas d'odeur qui s'enfonce jusqu'aux os.
Badia aimerait être textile. Elle n'en peut plus, d'être fille-crevette. Badia travaille le jour, et la nuit ? la nuit, elle travaille encore, avec son corps, avec ses mots, avec ses mains, avec son audace. Elle vole dans les maisons où elle est invitée. Badia est en sursis, en équilibre tout au bord de la planche du plongeoir. En dessous, le vide, le néant (c'est grave de voler, dit-elle). Badia est un personnage marquant, c'est certain. Les trois autres filles paraissent fades, un peu lisses, un peu trop jolies peut-être, alors que Badia a une trogne de fille drôle mais qui sourit peu, très peu. Et puis elle n'est pas drôle, on dirait qu'elle se bat, mais contre quoi ? Le film laisse son personnage se débrouiller, sans lui offrir une véritable intrigue. Le dernier coup, le vol des i-phone, est bien confus… Du coup, on peine à s'attacher vraiment. L'émotion reste en berne. On la suit, Badia, bien sûr. Si on peut. Parce qu'elle bouge tellement… Mais en fin de compte, on reste un peu sur sa faim. On aurait aimé qu'elle fasse décoller l'histoire, et nous avec.

 

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