Avec Astérix, 
            mission Cléopâtre, Chabat avait parfaitement réussi 
            son coup, restituant l'esprit de René Goscinny. Ici, il s'agissait 
            de relever un autre défi, l'adaptation d'une autre bande dessinée 
            d'un auteur à l'univers lui aussi bien particulier, Franquin 
            et son célèbre Marsupilami… 
            L'échec du film vient sans doute de là, de cet univers 
            à transposer. Autant Astérix acceptait tous les anachronismes, 
            s'en nourrissait, parce qu'il partait de personnages humains, terriblement 
            humains, autant cet animal imaginaire à l'esprit farouchement 
            indépendant et complètement centré sur sa famille 
            et sa propre survie n'offrait aucune ouverture sur le monde extérieur. 
            Il y avait donc nécessité de créer de toutes 
            pièces (ou presque) des personnages autour du mythe, et de 
            les faire évoluer dans un scénario propice à 
            quelques situations désopilantes (hum…).
            Hélas, tout s'en va dans tous les sens, c'est un foutoir même 
            pas joyeux. Deux ou trois scènes font sourire (ou pas), et 
            quelques critiques indélicats vous les ont racontées 
            dans les journaux. Pour le reste, Chabat fait du Chabat, en décalé 
            pitoyable; Jamel n'articule pas et ses gesticulations répétitives 
            finissent par lasser. Lambert Wilson, dont on dit dans les journaux 
            bien pensants qu'il éclipse ses deux partenaires, n'a en vérité, 
            qu'une seule scène, et il faut bien avouer que ce type de prestation 
            délirante est un peu facile, plus on en fait et plus ça 
            passe. S'est-il amusé à le faire (imiter Céline 
            Dion dans une robe dorée) ? Même pas sûr. Ce n'est 
            pas choquant ou troublant, et il n'y a pas matière à 
            s'esclaffer. 
            L'histoire avance péniblement, avec des béances dans 
            la continuité, oublie d'accrocher le spectateur (franchement, 
            on s'en tape le coquillard, de la plante aux vertus magiques), passe 
            par quelques mièvreries et bons sentiments un peu dégoulinants, 
            n'offre que des miettes aux personnages féminins (pauvre Géraldine 
            Nakache, qui s'ennuie comme c'est pas permis…) et ne surprend 
            personne au final. 
            Et le Marsupilami, dans tout ça ? Il ressemble trop à 
            une peluche, trop mignon, trop juvénile, pas assez méchant.
            On se demande pour qui le film est destiné… les enfants 
            de moins de douze ans ne comprendront pas les trois quarts des blagues 
            très quarante-douzième degré, les adultes de 
            plus de trente ans repenseront avec nostalgie aux bandes dessinées 
            qui les avaient fait rire, elles. Et les autres ? Ils seront sans 
            doute les plus malins, en téléchargeant sur Internet 
            les trois scènes poilantes et en n'allant pas perdre leur temps 
            au cinéma…