Tortueux, multiple, se mordant
parfois la queue, ménageant de grandes parts d'interprétation
au spectateur, le récit mélange le thriller avec flics
minables et meurtres immondes, et le fantastique horrifique avec
zombies, exorcismes et visions de l'Enfer, sans oublier quelques
doses d'un humour bienvenu pour désamorcer la tension, qui
pourrait sans cela être tout à fait insupportable.
L'identification aux personnages est heureusement difficile, le
film ne pose guère de questions existentielles et reste au
niveau d'un (excellent) divertissement de ceux qui font (un peu)
peur, mais surtout formidablement prenant. La mise en scène
joue avec les codes de ce type de films, sans tomber dans la facilité
: pas de musique angoissante soulignant les instants clés,
pas de victime trop facilement désignée, répartition
entre bien et mal très ambiguë réservant des
surprises et des doutes jusqu'aux derniers instants, et même
après le générique de fin… La longueur
des scènes permet d'installer des ambiances lourdes, angoissantes,
la pluie vous transperce, la découverte des scènes
de crime vous glace, on pourrait parfois se croire au cœur
d'un récit concocté par Stephen King, sauf que tout
cela se passe en Corée, et l'horreur coréenne est
infiniment plus délicate que l'américaine.