Still walking **

Kore-Eda Hirokazu

L'histoire

Une journée d'été à Yokohama. Une famille se retrouve pour commémorer la mort tragique du frère aîné, décédé quinze ans plus tôt en tentant de sauver un enfant de la noyade. Rien n'a bougé dans la maison des parents...

Avec

Hiroshi Abe, Yoshio Harada, Kirin Kiki, Yui Natsukawa, You, Shohei Tanaka

Sorti

le 22 avril 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Familles, je vous hais(me)

 

C’est un bijou. Une journée passée dans une famille, meurtrie par la perte de l’un des leurs, quelques années auparavant, et qui se retrouve à la date anniversaire. Ce serait un film européen, il y aurait probablement une grosse dose de pathos, des éclats de voix, des reproches lancés dans une fièvre que l’on regretterait la minute d’après. Mais nous sommes au Japon, là où même une poignée de main est un signe de laisser-aller sentimental… Cela ressemble à une bande dessinée de Taniguchi, lorsqu’il ne se passe rien et où pourtant tout est dit avec un seul mouvement de tête, d’une douceur extrême et d’une grande finesse des sentiments, des ressentis, lorsque les souvenirs affluent et qu’on est incapable de supporter leur douleur, soit parce qu’ils évoquent les moments heureux qui ne reviendront plus, soit parce qu’ils font rejaillir des cauchemars éveillés.
Le film pourrait être morbide, sombre, désespéré : il l’est par instants très brefs, fugaces éclairages sur le malheur ; mais la plupart du temps, les échanges ont l’apparence presque paisible de relations familiales toujours en construction, doutes partagés, petits éclairs de joie, complicité indéfinie, paroles faussement anodines, sentiments indicibles… L’impression de faire partie de la famille est prégnante, on est tour à tour compatissant pour l’un, excédé par un autre, rasséréné par des retrouvailles éphémères… Et au final, ce qui est le plus surprenant pour un film "où il ne se passe rien", c’est la densité, l’importance de chaque instant, le soin apporté à chaque scène. C’est d’une grande douceur et aussi terriblement pointu, passant et repassant là où ça fait mal, aux antipodes de films familiaux occidentaux, comme "Festen", "un conte de Noël", ou le récent "Rachel se marie", mais tout aussi fort et émouvant. A voir et à revoir !

 

 

 

 

 

 

 

Vos commentaires pour ce film


Avant de regarder ton site, je suis allée voir Still walking avec Jean. Nous avons passé autant de temps à confronter nos points de vue qu'à voir le film, ou presque, ce qui a fait bien rire Jean. La même critique revient souvent : ce n'est pas du cinéma, mais du théâtre filmé, et ce soir-là il ajoutait où est Kurosawa ?! J'ai donc plaidé pour la grande poésie de certains moments du film, celle de la fleur de cerisier que les enfants cherchent à toucher, et qui m'a émue plus que tout, celle des bois et du ciel près du cimetière, celle de la prière de l'enfant dans le jardin après la scène du papillon, et puis, celle de toutes ces scènes du début, dans la cuisine, autour des radis pilés et des galettes de maïs, des carottes émincées et des préparations culinaires, des gestes et du doigté qu'elles montrent.
C'est vrai, les paroles des uns et des autres sont attendues, cette famille n'est pas très différente d'une famille occidentale dans son chagrin et ses émotions, mais rien ne me semble convenu pour autant, y compris le malentendu général entre parents et enfants, entre tous, même devenus grands. La grand-mère est touchante, dans ses attentions et ses grimaces, dans sa férocité comme dans sa nostalgie.
Enfin, c'est lent et long, et les choses auraient pu être écourtées, mais tout se tient, dans cette agitation futile d'un jour de retrouvailles, où quantité d'aveux, de colères, de joies, de souvenirs se disent, maladroitement, subitement ou après coup, et trouvent à se faire savoir, pour un temps. Plus modeste que L'heure d'été, plus fragile, moins pathétique, plus retenu. Comme un vol de papillon.

Isabelle C. 19 mai 2009

 

Nous sommes allés voir ce film, malgré ma crainte: les média mettaient en avant la commémoration, et les moqueries envers l'enfant sauvé de la noyade...
Quelle surprise !
Dés le départ, on est happé par les paysages, la douceur. On se croirait dans un film de Miyazaki (Kiki, la petite sorcière,...): l'omniprésence de la nature, la vie qui s"écoule au delà du premier plan (le train du départ...).
Les échanges doux-amers entre les parents, les enfants et petits enfants sont toujours à leur place et expriment tous les sentiments, sans fracas.
Le personnage qui m'a le plus touché est celui de la belle fille, personnage intelligent et sensible, mais tous sont très attachants !
Il faut vraiment aller voir ce film, sans se faire avoir par les résumés réducteurs.

Josiane P. 23 mai 2009

 

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