Bien sûr, on peut relever tout un tas d’erreurs de détail
sur la reconstitution de cette année 1977 : la finale St Etienne-Bayern
(facilement reconnaissable avec les verts en shorts noirs) c’est
en mai 76, on ne disait pas à cette époque "comment
elle t’a cassé…" Mais tout ça n’a
pas beaucoup d’importance, ce qui touche ici, c’est la
justesse du ton trouvée pour raconter le quotidien d’une
pré-ado, autant sur le plan des relations avec les autres que
sur celui de son adaptation à l’institution scolaire.
Cette sincérité dans le propos s’accompagne d’un
regard original mis en scène de façon impressionniste,
sous la forme d’un journal intime : par instants très
réaliste, puis comme l’expression poétique de
sentiments diffus. Pour peu qu’on se laisse emmener dans cet
univers, on a tous onze ou douze ans, qu’on soit fille ou garçon,
on se retrouve tous en train d’écouter Eddy Mitchell,
ou de tenter d’échapper aux mauvaises notes au collège,
ou bien encore de regarder les adultes en étrangers mais aussi
comme un futur possible, qui fait peur et fascine en même temps.
Les deux jeunes filles (Léora Barbara et Melissa Rodrigues)
sont extraordinairement justes, jamais à côté
du rôle, ne forçant jamais leur jeu. Les adultes sont
eux aussi subtilement interprétés, un peu lointains,
avec une part d’inaccessible et de mystère. Benjamin
Biolay est ici une révélation, accrochant la caméra,
belle gueule.
Moins direct, moins provocateur que du Pialat, mais bien plus vrai
que du Diane Kurys, Stella entre dans le cercle très fermé
des beaux films sur cette période juste avant l’adolescence,
petit enfer où l’insouciance n’a pas encore fait
place à la révolte, où l’on a tant de mal
à exprimer ses doutes et son désarroi de quitter l’univers
rassurant de l’enfance.