Spring Breakers

Harmony Korine

L'histoire

Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…

Avec

Vanessa Hudgens, Ashley Benson, Selena Gomez, Rachel Korine, James Franco

Sorti

le 6 mars 2013

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Bikinis en berne

 

Soit, d'une part, un hiver qui n'en finit pas. Soit, d'autre part, à l'arrière des bus, quatre sirènes en bikini. L'inconnue est : combien de temps le mâle de base pourra-t-il résister à l'appel du petit plaisir qui s'offre à lui ?
Bref, même les chroniqueurs des journaux dits intellectuels se sont fait piéger, et pour ne pas paraître stupides, ils ont même écrit qu'ils avaient vu un grand film sombre sur la déchéance de l'Amérique (je résume, mais en gros, c'est à peu près ça).
Et donc ? De quoi s'agit-il, au juste ? Au point de vue de la forme, cela tient beaucoup plus du clip que du long métrage. Le montage stroboscopique, ça va cinq minutes, au-delà c'est fatigant et cela nuit au plaisir susmentionné. De même que le tripatouillage des couleurs et des contrastes. Le parti pris de montrer la même scène à plusieurs reprises et de faire entendre la même phrase trois ou quatre fois n'est pas préjudiciable en soi, cela montre sans doute qu'il fallait étirer le récit pour que celui-ci s'étale d'un bout à l'autre de l'heure et demie en dessous de la quelle un film n'est pas un film…
Sous les bikinis, il y a aussi des filles, et pour faire le contrepoids, on a rajouté un bad boy, genre Joey Starr mais qui fait tout de même beaucoup moins peur (James Franco). Le gros problème, c'est que les personnages n'existent pas. Le bad boy cherche à se montrer vraiment bad, mais sans y arriver, il est un peu cheap, un peu ridicule, un peu cliché de clip de rap qui au bout de trois minutes n'a plus rien à dire (et même pendant les trois premières minutes, c'est limite…). Les filles sont trois plus une. Trois blondes et une brune, et bien sûr la brune est celle qui a le plus les pieds sur terre (quoique, elle croit en Dieu…), on la cerne donc rapidement. Les trois blondes sont totalement interchangeables (on a pourtant peint les cheveux de l'une en rose, pour les différencier, en vain), transparentes, sans aucun charme à part leurs tenues (et même sur ce plan-là, on peut être déçu), complètement tartignoles malgré leur passage du côté obscur de la force : pas assez méchantes, aucune ambiguïté, sans personnalité et donc ne faisant absolument pas rêver, ni cauchemarder.
L'ambiance, le propos, la teneur, l'impression générale ? De tout un petit peu, mais dans chaque domaine beaucoup trop peu. Le Spring Break, genre de fête très régressive, typiquement américaine, aurait pu faire l'objet d'un déballage d'excès en tous genres, on a seulement le droit à cinq minutes tout au plus de poses suggestives et d'arrosage de poitrines dénudées, il n'y a là rien qui excite ou dégoûte. L'aspect sombre du récit qui voudrait probablement montrer une société américaine dépravée et sans valeurs n'est absolument pas crédible, le vide instauré par l'absence de vrais personnages n'est comblé par rien. Pas de stupéfaction ni de désolation. Enfin, l'aspect "sea sex and fun" est à peine effleuré, les bikinis restent bien sages, les plages sont moches, les vacances sont ratées, ce n'est même pas le sujet… mais à propos, c'était quoi, le sujet ?

 

Vos commentaires pour ce film

L’idée de voir quatre très jolies minettes en bikini devenir incontrôlables et tirer sur tout ce qui bouge vous attire ? Dans ce cas, Spring Breakers représente la bombe du moment. Ainsi, partant d’une idée novatrice et instaurant un climat de changement dans un Hollywood en perte d’identité, le film de Harmony Korine propose un spectacle tantôt divertissant, tantôt sérieux, et s’auto-exclue des films du genre en usant d’une réalisation moins stéréotypée et davantage axée sur le traitement de ses personnages. Pour l’heure, la première partie n’est pas exempte de défaut, puisqu’elle lance l’histoire très timidement, part d’une conjoncture des plus banales (quatre filles mal dans leur peau veulent s’éclater et changer de vie) et laisse déjà apparaître un air de déception. Un air qui changera fort heureusement avec la seconde partie, plus courageuse et haute en rebondissement. En effet, passé les politesses introductives et son étude comportementale, c’est le personnage de James Franco, se voyant pour l’occasion confier un très beau rôle, qui amène le changement, synonyme de violence, de crudité et d’exagération. Des thèmes forts diamétralement opposés aux précédents. Rythmé par une bande-son très efficace, le métrage sombre dans le drame non conventionnel, où les règles établies sont brisées et où les jeunes princesses se métamorphosent en diablesses survoltées. Bien que peu expérimentée, Rachel Korine n’en est pas moins bonne que ses complices, jouées par les sulfureuses Vanessa Hudgens, Selena Gomez et Ashley Benson. Des actrices réputées pour leur beauté qui cassent leur image, s’affichent près d’une heure trente uniquement vêtues d’un maillot deux pièces et jouant avec armes automatiques et autres lames. Véritable point fort du film, leur personnalité navigue de la perversion à la vengeance, explorant les bas-fonds de l’âme humaine. Toutefois, trop naïves dans leur état d’esprit, embrigadées dans un cercle vicieux et infernal, cela manque un peu de réalisme. La redondance des plans, révélant alors un montage qui tire trop sur ses ficelles, ainsi qu’une fin dont l’héroïsme est emprunté à James Bond, font un peu tâche et tirent le récit vers le bas. Mais c’est grâce à ses bonnes idées que le film parvient à garder la tête hors de l’eau. La présentation du braquage s’avère très intéressante et la prestation de James Franco, pas facile pour le coup, est louable. Ainsi, tout comme Drive l’avait fait il y a deux ans, Spring Breakers surprend par son côté sombre, inattendu et sérieux. L’une des scènes du film, d’ailleurs, gagne sa place parmi les meilleures. Quoi qu’il en soit, après nous avoir malmenés mentalement, jeunes demoiselles, faites-le physiquement…

Matthieu H, le 20 février 2013 (vu en avant première)

 

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