Non, Split n'est pas
un très grand film à la hauteur de Sixième
sens. Non, Split n'est pas "le
premier film anti-Trump", on se demande d'ailleurs ce qui
a pris l'auteur de l'article, il avait fumé bien plus que
la moquette, non ? Non, Split n'est pas un vrai film horrifique,
il fait juste sursauter deux ou trois fois avec des recettes éculées
du type moment de calme tendu et tout d'un coup, paf, qui voilà
en gros plan ? Non, Split n'est pas porté par un
scénario à retournement comme Le village
ou Sixième sens, il y a bien quelques glissements
progressifs de l'intérêt d'un personnage à l'autre
mais rien qui vous fasse écarquiller les yeux et vous mettre
les neurones en pelote. Mais Split n'est pas non plus une
sombre daube aux péripéties déjà vues
mille fois, sa mise en scène repose bien plus sur des mouvements
de caméra, des astuces de montage, des couplages inquiétants
entre son et image que sur une abondance d'effets spéciaux.
Avec une certaine économie de moyens, Shyamalan parvient
à créer une drôle d'ambiance, où l'on
ne sait jamais vraiment d'où va venir le danger, la surprise.
Le décor minimaliste est exploité de façon
plutôt intelligente, le hors champ a beaucoup de potentiel
et ne livre pas tous ses secrets, ce qui titille l'esprit…
Les scènes avec la psy (dialogues trop longs, trop pleins
de signifiants) semblent ralentir le récit, lui donner un
aspect un peu chichiteux, un peu trop explicatif, mais elles sont
aussi sans doute nécessaires pour donner un rythme, pour
relâcher parfois la tension et lui permettre de reprendre
de plus belle… L'ensemble est finalement assez réjouissant,
à ranger du côté du divertissement, avec une
interprétation inégale, virtuose pour McAvoy qui a
dû se régaler à jouer toutes ces personnalités,
nettement plus basique pour les filles qui jouent l'effroi sans
beaucoup de subtilité.