Soul Kitchen

Où est donc passée la rigueur des deux premiers films de Fatih Akin ? On se souvient des scénarios complexes et de la mise en scène au cordeau de "Head On" et "De l’autre côté". Cette "cuisine de l’âme" ne manque pas d’énergie ni de rythme, mais elle a tendance à confondre mouvement et agitation. L’ambiance sonore est assourdissante, le montage fatigant, le récit stressant… L’intrigue réduite au minimum, tout l’intérêt du film repose sur les personnages : ceux-ci ont du charme, évoluent, surprennent, mais on aimerait qu’ils se posent, qu’il y ait quelques instants de calme, pour mieux les percevoir, pour mieux s’y attacher.
Il y a parfois, dans cette ambiance électrique, un petit côté Kusturica, dont Fatih Akin chercherait à imiter la truculence, sans toutefois y parvenir. On a l’impression que le réalisateur s’est offert une pause dans son œuvre avec cette comédie déjantée, tout de même plus soûlante que "soul".