Le souffle, c'est celui du vent,
avant d'être celui, beaucoup plus violent, d'une série
d'expériences nucléaires qui se sont pratiquées
dans cette partie du monde, dans les années 50 et encore
au delà (mais ce sujet, qui vient clore le film, n'est pas
vraiment traité).
Le souffle du vent dans les steppes d'Asie centrale, la pluie sur
les tôles de la maison, les cavalcades éperdues à
travers l'immense plaine mais aussi le bruit des moteurs des véhicules
d'un autre âge, un coup de fusil, une radio qui fonctionne
avec la batterie d'un vieux camion, tous ces sons, naturels ou pas,
remplacent les dialogues. Film muet, sans paroles donc, mais pas
sans bande sonore. Et celle-ci est très travaillée,
très esthétique, tout comme les images, magnifiques,
surprenantes et qui s'impriment durablement dans la mémoire.
Cette splendeur formelle, sonore et visuelle, tient lieu de fil
conducteur, et vient supplanter le récit, qui ne tient pas
tout à fait la route. La jeune fille et son père,
mystérieusement posés là, au milieu de nulle
part, suscitent de l'intérêt, mais celui-ci s'éteint
peu à peu, quand on a compris que le scénario n'avait
guère d'importance. Les deux prétendants apportent
de la tension, ou de l'humour, mais rien de passionnant… Tout
est prétexte à faire une belle photo, mais trop souvent
gratuite. L'ensemble n'est absolument pas désagréable,
et nombreux sont les films qui reposent sur une histoire autrement
plus complexe et n'ayant pourtant pas le même pouvoir de fascination
que celui-ci. Mais on se dit, en sortant, qu'avec de tels atouts
esthétiques, un récit plus chargé aurait pu
transformer ce poème visuel un peu court en une œuvre
épique, originale et profonde.