Voilà une comédie
précédée d'un cortège de louanges. Décalée,
amère mais hilarante, disait-on. Les deux premiers tiers
du film m'ont arraché deux ou trois sourires, dont un rictus
nerveux, pas franchement dû à de l'humour… Le
dernier tiers est tout à fait navrant, avec un basculement
du récit dans un fantastique particulièrement lourdingue
et premier degré : on pourrait penser dans un premier temps
que les mutants mi-hommes, mi-chevaux, sont des hallucinations…
non, rien de rêvé là-dedans, c'est du mutant
pur et dur, tout droit sorti d'un film de série Z des années
50. Immonde et ridicule, sans une once de poésie. La révolte
attendue qui accompagne cette apparition devrait être baroque
et formidable, elle est juste pathétique et fait perdre tout
crédit au message du film, qui, sans être particulièrement
novateur, avait tout de même pas mal d'intérêt,
sur les formes d'emploi actuelles, l'esclavage moderne qui ne dit
pas son nom, la perte progressive des libertés essentielles,
la misère sociale aux Etats-Unis (et ailleurs), la récupération
des mouvements de lutte par le monde de la com et autres joyeusetés
de notre société si enthousiasmante.
Quelque part entre Brazil (mais sans son romantisme échevelé)
et Bienvenue à Gattaca (mais complètement
dépourvu de sa rigueur narrative), cette petite production
qui avait pas mal d'atouts pour être sympathique, n'est clairement
pas une comédie, passe à côté de son
sujet initial et socialement subversif, et se prend les pieds dans
son aspect SF. On n'est pas très loin de la bouse, au final.