Slumdog Millionaire *

Danny Boyle

L'histoire

Le récitde la vie d'un jeune homme issu des bidonvilles de Mumbai en passe de gagner le jeu télévisé "Qui veut gagner des millions".

Avec

Dev Patel, Mia Drake, Freida Pinto, Anil Kapoor, Irfan Khan

Sorti

le 14 janvier 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1
Le rêve indien

 

 

 

 

Même si on ne l’a jamais vu à la télévision, tout le monde connaît ce jeu, où l’on peut gagner des millions en répondant à des questions de culture générale (parfois même très générale) de plus en plus difficiles. C’est une machine à rêves, peut-être encore plus dans des pays où le seuil de pauvreté est franchi par une très large majorité de la population. Une machine à rêves et aussi une façon d’empêcher de se révolter contre une société qui pratique l’exclusion. Si devenir riche est possible, c’est que ce système n’est pas si fermé… fausse conclusion, miroir aux alouettes.
Le film laisse une impression étrange, comme si on racontait une histoire sordide sur papier glacé. Très vite, l’énigme de départ est éventée, et l’on comprend comment un jeune homme tout droit sorti des bas-fonds parvient à répondre à toutes les questions qu’on lui pose. De façon tout à fait divertissante, la structure du film présente des instants-clés dans la vie du jeune homme, depuis son enfance dramatique jusqu’à sa vie actuelle. On n’a pas le temps de s’appesantir sur la misère, l’action prime, chaque histoire expliquant chaque réponse est filmée sur un rythme haletant et tout cela n’est finalement qu’un jeu, mais terriblement bien mené, avec un double interrogatoire : à la télé devant des millions de téléspectateurs, et dans un bureau de police où la manière forte est de mise. Lorsqu’on bascule dans la dernière partie, le romantisme exacerbé à tendance Bollywood prend le dessus, l’émotion est totalement fabriquée mais cela fonctionne, la petite larme est possible.
Au final, c’est une histoire formidablement bien racontée, sans subtilités mais avec beaucoup d’efficacité. On peut rester tout de même perplexe par la façon de montrer la misère comme un spectacle, par l’absence de vision sociale, par la condescendance vis à vis d’un système créant de l’inégalité.

 

 


 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

Vos commentaires

Ç 'aurait été dommage de s'en passer!
1ère surprise: la musique du jeu est la même qu'en France; question: est-ce pour plaire aux distributeurs et public français ou est-ce réellement la même musique ?
2ème surprise : on passe par toutes les émotions, même la peur. La mort de la mère et les yeux arrachés du môme ça n'a pas eu besoin d'être montré complètement, le pouvoir de suggestion m'a suffi..Je ne savais pas qu'en Inde il y avait aussi des luttes entre communautés religieuses. Quelle merde que la religion !
mais il y a aussi des moments où ces 2 garçons nous font oublier le sordide de leur misère quotidienne.
J 'ai apprécié la scène finale, j'aime bien ce côté bollywood et puis ça me plairait de faire faire ce genre de chorégraphie de foule à mes élèves. On a le droit de rêver !


Isabelle M, le 20 janvier 2009


Le meilleur film que j'ai vu cette année.
Riche, vrai, âpre, évitant les clichés, bien construit, un vrai coup de poing tout en restant divertissant et émouvant.
L'lnde est un pays attachant par ses contrastes, le film nous en présente un des aspects les plus sombres.
Il parvient à nous faire sourire, avec les personnages, malgré les situations dramatiques décrites.
Comme dans Gomorra, pour la mafia napolitaine, nous sommes ici plongés, dans la vie des plus démunis et de ceux qui profitent de la situation.
Le film met en vedette un serveur de thé d'un centre d'appel qui devient millionnaire. Cela nous permet de suivre sur une quinzaine d'année le destin de deux frères et d'une petite fille et de certains de leurs copains, tous orphelins suite à des émeutes communautaires. Les destinées, différentes pour chacun sont induites par la chance, les qualités, les défauts, les choix personnels et les accidents de la vie.
Un seul film ne peut pas tout expliquer de l'Inde, ni tout mettre en perspective, même si certaines situations illustrent la complexité du puzzle.
Je suis allée à Bombay et en Inde du sud en 1990, cela correspond à quelques années près au moment où le récit du premier flash-back commence. Cela m'avait profondément marquée et fait réfléchir sur la nature humaine, les effets de foule (il y avait eu des émeutes lors de mon séjour), la dignité et la beauté malgré l'extrême pauvreté, et la culture comme terreau de la vie.
Les temples colorés et kitch faisaient partie du paysage et les affiches de cinéma de Bollywood étaient sur tous les murs, les vedettes dans tous les journaux. La beauté des réalisations artistiques et artisanales, passées et contemporaines était impressionnante. J'ai rencontré des sculpteurs de granit de Mahabalipuram, au Tamil Nadu, qui venaient de participer à la restauration de groupes de statues à Toulouse, à Paris et à Marseille.
Et puis à Bombay j'ai vu les petits mendiants et leurs moignons, qui frappaient dans les embouteillages aux vitres des cars et des voitures.
Depuis cette époque, Bombay s'appelle Mumbay, sa population est passée de 10 millions à 30 millions d'habitants, l'Inde est passée de 800 millions à plus d'un milliard d'habitants, le pays s'est ouvert au monde, Coca Cola y a été commercialisé pour la première fois en 1991. Mais certaines choses n'ont pas bougé.
J'ai eu et j'ai maintenant de nombreux collègues indiens, qui participent à fond à la mondialisation. Certains sont chercheurs en Californie ou en Angleterre, d'autres travaillent à Dubaî (Emirats Arabes Unis), d'autres encore travaillent en Inde, dans le cadre d'activités informatiques délocalisées.
Une classe moyenne émerge et de nouvelles perspectives s'ouvrent, même si s'expatrier reste toujours une solution pour réussir à sortir de son milieu.

Isabelle E-C, 3 septembre 2009

 

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