Le problème avec James
Bond, c'est que Sean Connery est définitivement trop âgé
pour reprendre le rôle (quoique, on pourrait imaginer un James
Bond troisième âge, drôle, au ralenti et très
classe…). Roger Moore, puis Timothy Dalton et Pierce Brosnan
ont fait illusion et puis Daniel Craig est arrivé, et James
Bond est mort, ou du moins, l'image qu'on s'en faisait, l'espion
super-classe, tombeur de jolies filles et se relevant toujours sans
une égratignure.
Daniel Craig, depuis maintenant trois films, donne au personnage
un aspect brut, un peu sale, déprimé, alcoolique,
vieillissant, loin d'être un surhomme. Les deux premiers volets
de cette version du nouveau James Bond n'avaient pas vraiment convaincu
et on pouvait même aller jusqu'à dire qu'ils avaient
déçu.
La séquence d'ouverture de ce "Skyfall" remet les
choses à plat, de façon magistrale. Une très
longue course-poursuite, spectaculaire, drôle, bourrée
de références et de clichés montre un Daniel
Craig en James Bond ancienne manière, allant jusqu'à
épousseter légèrement son costume impeccable
après une succession de cascades hallucinantes qui, dans
le monde réel, auraient envoyé le bonhomme à
l'hôpital pour un séjour prolongé.
Et puis, au terme de ce réjouissant prologue, James Bond
meurt. Rassurez-vous, et tout le onde l'aura compris, c'est pour
de faux. Mais pas complètement. On a tué le vieux
James Bond, celui qui boit du whisky trois cents ans d'âge,
celui qui sauve le monde avec deux filles en bikini dans chaque
bras, celui qui prend des coups le sourire aux lèvres sans
proférer un seul gros mot. Le James qui renaît pourrait
s'appeler Kevin ou Johnny, il n'a plus rien à voir avec ce
qui faisait son charme. Mais cette fois-ci, le changement est pleinement
assumé et ce Skyfall est bourré de qualités.
Le récit est pour la première fois depuis longtemps,
extrêmement clair, et cela fait du bien de ne pas se triturer
les méninges pour tenter de saisir les tenants et les aboutissants
d'une intrigue à tiroirs. Il y a aussi un méchant
qui en veut à M, la vénérable chef du MI6 et
James Bond essaye de la protéger et accessoirement de débarrasser
la planète ce très vilain personnage. Ce dernier,
incarné par l'inénarrable Javier Bardem, est formidable.
Un vrai méchant de cinéma, dégoulinant de perversité,
irrécupérable et pourtant très touchant, un
régal d'affreux. Les deux James Bond girls sont un peu la
faiblesse du film, l'une est vraiment tarte, l'autre est totalement
recluse dans un rôle d'accessoire. Le personnage féminin
principal, c'est ici M, alias Judi Dench, la presque-mère
de James Bond. On frôle le mélo avec la relation entre
l'espion et sa patronne…ce qui est tout de même assez
surprenant.
Le tout est parsemé de clins d'œil et de références
parodiques. Au final, ce "tombé du ciel" ou "ciel
tombé" (?) est une très bonne cuvée, Same
Mendes a fait là œuvre de qualité.