C'est une histoire un peu étonnante,
une sorte de tragédie contemporaine, un conte à la
Hugo (Victor) mais au vingt-et-unième siècle. Il y
a un peu de tout, de l'amour, une relation presque amicale qui se
moque des différences, une prise de conscience sur ce qu'est
la maternité, une grosse dose de critique sociale (oui le
monde tourne à deux vitesses, pas tout à fait une
première nouvelle, mais c'est toujours bon de le rappeler),
un aspect thriller truffé de petits arrangements avec la
légalité, une façon un peu lourdingue de brosser
le thème du moment dans le sens du poil : ce sont les femmes
qui décident, les hommes suivent, s'ils le peuvent. Tout
cela est plein de bonnes et belles intentions, et c'est malheureusement
filmé sans grâce, sans beaucoup d'énergie, sans
inventivité. Sur les quatre interprètes, trois font
le job, vraiment très bien (Chemla, Lavernhe, Giraudeau),
mais Damien Bonnard reste en rade, incapable d'entrer dans son rôle,
le phrasé est beaucoup trop clair, la posture n'est pas celle
d'un ferrailleur qui vit dans une caravane. Un marginal, tout au
plus. Cela a tendance à ruiner la crédibilité
de l'ensemble. On reste alors à côté du récit,
trouvant tel aspect intéressant, tel autre légèrement
ridicule, comme dans un téléfilm pas tout à
fait raté, mais pas tout à fait réussi non
plus.