Ce film mongol se situe quelque
part entre la fiction sociale, tendance Guédiguian ou Ken
Loach, et le documentaire édifiant sur la misère d'une
partie de la population d'un pays qui bascule dans le capitalisme
sans trop se soucier des ravages que cela peut provoquer. Ah, si,
une scène surréaliste montre des travailleurs sociaux
venant installer un filtre à charbon électrique sur
la cheminée du poêle qui devrait chauffer la yourte
dans laquelle la famille du personnage principal tente de survivre…
mais la dite famille n'a plus de charbon, et l'électricité
a été coupée… cela pourrait être
une scène de comédie, tendance farce italienne des
années 70, mais le film prend le parti, un peu lourd et répétitif,
d'un certain misérabilisme. Absolument rien de drôle,
donc. L'adolescent qui est au centre du récit, volontaire,
fier, véritable chef de famille, se comporte comme un prince
orgueilleux, refusant souvent l'aide extérieure, au péril
de sa vie et de celle de ses frère et sœur. Le seul
espoir vient de son talent particulier pour la physique et les mathématiques
par lequel il pourrait obtenir une bourse afin d'étudier
à l'étranger, le rapprochant en cela des héros
qui se font tout seuls et n'ont pour valeurs que l'argent et l'élévation
sociale. Le film est intéressant parce qu'il montre un monde
qui nous est en grande partie inconnu (qui peut savoir sans y être
allé qu'Oulan-Bator est cette grande ville moderne, semblable
aux mégapoles américaines, mais côtoyant un
ensemble ultra pauvre de bidonvilles ?), mais il affiche ses limites
dans son récit, somme toute assez classique et prévisible.
La mise en scène tente, parfois en vain, de tirer l'ensemble
vers un esthétisme de la misère. Il reste le jeu de
l'acteur principal, crevant l'écran, formidablement impliqué.