L’homme seul vit avec un
fantôme, tente sans succès de masquer sa douleur, le
manque terrible qui le ronge. Sur cette base, il était sans
doute possible de réaliser un poème du deuil…
Tous les plans sont travaillés, d’un esthétisme
continu et tout concourt à créer une distance entre
le récit –plutôt pauvre- et les émotions
éventuelles. Le jeu sur les couleurs, qui accompagnent les
états d’âme du personnage principal est tout à
fait caractéristique de l’écart entre les intentions
et le résultat à l’écran. En soulignant
ainsi la mélancolie par un presque noir et blanc, les instants
de légers plaisirs avec de savants jeux de contrastes colorés,
et les souvenirs de l’être aimé disparu par des
couleurs chaudes, les émotions sont tuées dans l’œuf,
engluées dans un maniérisme qui ne manque pas de sens,
bien au contraire, mais qui empêche toute identification, et
au final, il n’y a aucune empathie pour le personnage, malgré
sa douleur. Les échanges avec une vieille amie (Julianne Moore,
vraiment étonnante) et un jeune éphèbe qui garde
une grande part de mystère, éclairent légèrement
l’ensemble, lui donnant un peu d’air. Mais l’impression
générale est plutôt fermée, sans possibilité
d’imagination de la part du spectateur.