Simone Veil, pour l'adolescent
puis le jeune adulte que j'étais dans les années 70
puis 80, c'était une bourgeoise de droite, portant chignon
et tailleur, ministre de Giscard puis beaucoup plus tard de Balladur.
Autrement dit, pas tout à fait une héroïne. Et
puis il y avait Simone Weil, pas de la même époque,
mais philosophe humaniste proche de l'extrême gauche. C'était
autre chose…
Depuis, et surtout avec les menaces qui pèsent sur le droit
à l'avortement, j'ai appris à apprécier l'action
de cette femme, ce qu'elle a fait et comment elle a résisté
aux pressions, que ce soit pour son action en faveur des détenus,
ou pour défendre le projet de loi légalisant l'avortement.
Le film lui rend un vibrant hommage, sans une once de critique,
mais avec un sens du récit tout à fait efficace. Comme
pour La
môme, Olivier Dahan fait le pari de la chronologie
déstructurée, et c'est tout à fait réussi,
prenant, émouvant, jamais ennuyeux, par moments carrément
enthousiasmant. Les deux actrices choisies pour incarner Simone
Veil sont vraiment convaincantes, c'est un plaisir de retrouver
Elsa Zylberstein dans un premier rôle aussi marquant, et Rebecca
Marder prouve film après film qu'elle a un sacré caractère
en plus de son charme naturel et de son énergie communicative.
Elodie Bouchez et Judith Chemla sont elles aussi, dans des rôles
à peine secondaires, terriblement vivantes et touchantes.
Cela reste un biopic, avec des scènes attendues et un poil
pompeuses, mais un biopic très fréquentable.