Un silence

Joachim Lafosse

L'histoire

Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.


Avec

Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Jeanne Cherhal, Louise Chevillotte, Matthieu Galoux, Nicolas Buysse

Sorti

le 10 janvier 2024


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Une vérité par lambeaux

 

A l'image de la première scène, un assez long plan séquence dans une voiture, où l'on voit une partie du visage d'une femme dans le rétroviseur pendant qu'elle conduit, et qui laisse transparaître beaucoup de tension contenue, le récit fonctionne par bribes, les choses se devinent lentement, ça n'est pas un puzzle, mais un tableau à l'apparence presque abstraite, comme des lambeaux de feuille de soie que l'on aurait assemblés et qui forment, in fine, une scène pleine de personnages torturés, une vérité complexe, sombre, dérangeante. La mise en scène a du caractère, elle suggère, éclaire par instants pour revenir dans la pénombre. Si le personnage central semble être celui de l'avocat, joué par Daniel Auteuil, ambigu, sûr de lui puis hésitant, sa femme, dont les traits ont ceux d'Emmanuelle Devos, est bien la plus intéressante, celle par qui les choses bougent, parfois impassible, parfois défaite, brisée, d'une beauté assez renversante. Le film n'expose pas tout, il reste des mystères, il propose quelques pistes pour saisir les raisons du silence, de ce qui s'est tu pendant plusieurs décennies, il est en cela très subtil, n'avançant jamais en ligne droite. Cependant, le milieu décrit est celui d'une bourgeoisie de province très aisée, un peu hors sol, qui donne un aspect parfois irréel à ce qui se passe, glacé, pas désincarné (Daniel Auteuil et Emmanuelle Devos sont d'une justesse effarante), mais tellement peu universel que l'on peut suivre le film avec un recul dommageable.

 

Vos commentaires pour ce film

Un drame, plans serrés sur des visages silencieux, l’histoire remonte le cours du temps, le premiers tiers du film, difficile à déchiffrer nous oblige à devenir enquêteurs pour comprendre.
Atmosphère anxiogène dans les locaux de la police, les interrogatoires confrontent les récits, long silence coupable ou honteux, le mal court, le mal progresse.
Peinture cruelle de la bourgeoisie, dans les allers et venues de la grande maison feutrée, la pudeur jalonne les pièces.
Scènes silencieuses, de jour, de nuit, on passe beaucoup de temps en voiture, cercle vicieux, épreuve, il est difficile de parler, de dire ses fragilités.
Astrid (Emmanuelle Devos) est à la fois sœur, épouse et mère et François (Daniel Auteuil) père, avocat et coupable.
Le duo par la force de leur jeu, rend une belle intensité sur la honte et la culpabilité.


Dominique P, le 29 janvier 2024

 

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