Shokuzai, c'est quatre heures
trente de projection, partagées en deux films, "celles
qui voulaient se souvenir", puis "celles qui voulaient
oublier". Mais dans la vraie vie de l'œuvre, ce découpage
n'a pas beaucoup de sens, puisque à l'origine, il s'agit
d'une série télé, avec un prologue qui présente
le meurtre et la "malédiction" proférée
par la mère de la victime à l'encontre des quatre
fillettes qui ne parviennent pas à se souvenir du visage
du meurtrier, suivi de quatre chapitres consacrés aux quatre
petites filles devenues jeunes femmes aux prises avec la pénitence
imposée par la mère, et pour finir un épilogue
qui explique le crime.
Ce long, très long ensemble ne donne pas envie de racheter
une télé, ni même de se plonger dans les séries
à succès éditées en DVD… Mais
le scénario, me direz-vous, enfin, le scénario ! Il
est toujours plus élaboré dans les (bonnes) séries
télé que dans n'importe quel film de cinéma,
m'a-t-on dit plusieurs fois… Elaboré, je ne sais pas,
mais étiré, suralimenté, boursouflé,
ça oui. Cela ressemble à un gros gâteau dans
lequel on aurait mis toute une flopée d'ingrédients
qui font saliver et malheureusement, lorsqu'on le goûte, c'est
indigeste, les différents composants ne se sont pas mélangés,
ils se côtoient sans créer de saveurs inédites,
sans parvenir à susciter le plaisir.
Les quatre chapitres montrant les quatre jeunes femmes marquées
par ce qu'elles ont vu (ou pas), par ce qu'elles auraient pu faire
(ou pas) et par ce dont elles se souviennent (ou pas) sont après
réflexion, des variations sur le même thème,
avec à chaque fois un homme sexuellement dérangé
ou en manque et une jeune femme "en pénitence"
qui ne peut que s'opposer à lui pour purger sa peine. Une
fois, c'est prenant; deux fois, c'est intéressant; au bout
de la troisième fois, on commence à prévoir
les évènements avant qu'ils n'arrivent; à la
quatrième, on a décroché et on attend l'épilogue
qui va sans doute relier tous ces chapitres qui semblent bien éloignés
les uns des autres et alors on va pouvoir se dire, chapeau aux scénaristes…
Et puis, rien. Dans l'explication finale, il n'y a aucune allusion
aux quatre petites filles, le coupable n'a aucun rapport avec elles.
On pourrait passer du prologue directement à l'épilogue
en se passant du reste. Il s'agit d'une simple et finalement très
basique histoire de vengeance amoureuse envers la mère. Avec
évidemment une révélation censée donner
du piment à l'affaire, mais à côté d'un…
Almodovar par exemple, c'est du piquant bas de gamme. Quatre heures
trente pour ça, c'est au final du temps perdu !