Tout le monde sait que Steve McQueen
(rien à voir avec l'autre…) est, comme on dit dans les
journaux zintellos, un "plasticien". Et si par hasard, on
a échappé à l'information (qui, en soit, n'est
pas primordiale), tout l'aspect formel du film semble l'affirmer,
l'étaler, le crier haut et fort. Les esprits chagrins iront
jusqu'à dire qu'il se regarde filmer, les admirateurs se tairont
et resteront bouche bée devant la beauté cruelle des
images, le traitement du son d'une précision terrible, avec
un emploi de la musique très mesuré, mais ô combien
signifiant.
C'est donc entendu, et vu, la forme est stupéfiante, d'une
rigueur chirurgicale, d'une magnificence glaciale. On aimerait que
sur cette base artistique hors du commun, se développe une
histoire qui donnerait un supplément d'âme à l'ensemble.
Le récit s'attache au personnage principal, addict au sexe
sous toutes ses formes (enfin, peut-être pas toutes, mais un
bon nombre quand même), imperméable aux sentiments. Un
seul être sera capable de fissurer la carapace, et ça
n'est pas exactement par amour, on est loin, très loin de la
comédie romantique. Et puis… c'est tout. Un scénario
tenant sur un ticket de métro, même si ce dernier est
en or massif.
Stev Mc Queen est assurément un réalisateur à
suivre, dont les films impressionnent plus qu'ils ne troublent. Ici,
le personnage de la sœur, jouée par la très émouvante
Carey Mulligan, aurait pu faire transformer le film en un véritable
objet cinématographique, il semble que parfois, elle échappe
à la rigidité plastique de l'ensemble. Mais Steve McQueen
est tout puissant, il garde la mainmise sur son œuvre…
qui a le mérite de sortir de l'ordinaire, et de maintenir des
yeux écarquillés face à l'écran.