Polar rural sans véritable
enquête, Seules les bêtes impressionne par
son atmosphère, ses personnages reliés par une même
histoire mais déconnectés les uns des autres. Certains
se côtoient (et même parfois de très près)
mais ne se connaissent pas, au fond. L'une refait la vie des autres,
leurs sentiments, leurs pensées, imagine leurs actions mais
ne frôle qu'une part infime de la vérité, l'autre
préfère la virtualité de ces mêmes sentiments
plutôt qu'une relation maritale devenue exsangue. Un troisième
personnage ne parle pas, ou si peu, et ses rêves ne sont pas
ceux que les autres imaginent, pendant que deux femmes se perdent
dans les amours imaginaires… Au loin, très loin, quelqu'un
croit tirer des ficelles mais celles-ci sont bien mal attachées,
ou élastiques. Le hasard est-il le vainqueur de l'histoire
? Ou peut-être n'y a-t-il que des perdants, des hommes et
des femmes englués dans les mensonges, dans la peur et l'aigreur
? Des hommes et des femmes perdus dans leurs vies, cherchant des
portes de sortie, oubliant, ou voulant ignorer que leur propre existence
se heurte à celle des autres. Le film fonctionne si l'on
est bien attentif et que l'on ne se laisse pas avoir, tout comme
l'un des personnages, par la ressemblance entre deux silhouettes.
