C'est une histoire simple et
universelle, un deuil à surmonter, alourdi par un sentiment
de culpabilité...
Mais c'est Amalric aux commandes de la mise en scène et rien
n'est simple. Et c'est tant mieux.
En virtuose de la complexité, il entremêle le passé
et le présent, le réel et le fantasme, la vie des
morts et celle des vivants, les esprits et les souvenirs. Tout est
montré sans filtres, tout s'enchaîne et se superpose,
il faut une attention particulière pour suivre le récit,
pour admettre la réalité d'un fantôme à
l'envers, d'une vivante venue hanter les morts, à moins que
ça ne soit le contraire, ou bien l'inverse du contraire...
On frôle l'alambiqué, on se prend à admirer
les transitions, les cadrages, l'accompagnement sonore, on peut
parfois être pris au piège de l'esthétique,
on s'émeut... et non, on ne s'émeut pas, ou alors
une fois parce que la scène ressemble à du déjà-vu,
on peut alors regretter d'être presque toujours tenu à
distance des émotions, des vraies larmes.
C'est formidablement élégant, mais c'est finalement
trop compliqué. Trop fabriqué. Œuvre d'artiste,
pourtant. A laquelle il manque peut-être l'essentiel, la fragilité.