Le début est tonitruant,
une sorte de prologue qui n’a rien à voir avec la suite
(quoique…) vous fait même douter sur les capacités
du projectionniste (se serait-il trompé de bobine ?), suivi
du vrai commencement, où l’on découvre des personnages
hauts en couleurs, des trognes de cinéma comme on ne fait plus,
une famille complètement dézinguée : base parfaite
pour un récit typiquement "Coen", chouette, on ne
va pas voir passer le temps, et ce sera le premier bijou de cette
année.
Deux heures plus tard, on se demande encore quand l’histoire
va démarrer, et que veulent dire toutes ces allusions, ces
bribes de récits sans queue ni tête, et toutes ces têtes
de juifs que l’on croirait sorties d’un manuel d’un
temps que l’on croyait oublié "comment reconnaître
un juif ?", est-ce grotesque, nostalgique, faut-il avoir des
pré-acquis sur la culture juive pour comprendre ? Un des personnages
(un rabbin) raconte une histoire plutôt étrange et drôle
(un peu) à un pauvre homme venu lui demander conseil, qui ne
comprend pas où le rabbin veut en venir, il lui demande, alors,
qu’est-ce que tout cela veut dire ? pourquoi me la racontez-vous
? Et le rabbin n’a pas de réponse autre que la phrase
mise en exergue dans le prologue : il faut accepter de ne pas tout
comprendre…
D’accord, mais à ce point, on est en pleine frustration,
d’autant plus que les personnages ont un potentiel comique assez
lourd, que certaines scènes trouvent un rythme et font tout
d’un coup décoller le film, mais hélas, il retombe
très vite, et la fin est à l’image de l’ensemble
: pourquoi s’arrêter là, en plein milieu d’une
phrase ? rien n’est abouti, ce n’est pas triste, ce n’est
pas joyeux, c’est juste splendidement creux, ça fait
le délice des critiques professionnels des journaux dit intellectuels
qui vous font sentir que vous n’êtes qu’un benêt.
Non, pas benêt, simplement lucide, les frères Coen ont
le droit de se faire leur propre thérapie (puisque de leur
aveu même, le film est plein de références à
leur enfance) sans parvenir à toucher leur public habituel…
(mais d’ailleurs, peut-être n’y pensaient-ils même
pas)